Les réformes de l’Éducation se succèdent et pénalisent les enfants

  • Copié
Antonin André , modifié à
Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer revient sur la réforme des rythmes scolaires. Une habitude en politique quand on arrive dans un ministère. 

Dès la rentrée prochaine, les communes qui le souhaitent pourront revenir à la semaine de quatre jours dans les écoles. Et pour cause, le nouveau ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a choisi de revenir sur la réforme des rythmes scolaires, quatre ans seulement après sa mise en place.

Le syndrome de l’apprenti-sorcier. A peine arrivé, Jean-Michel Blanquer s’empresse de défaire ce que ses prédécesseurs ont fait. Et pourtant, le même Jean-Michel Blanquer signait en 2010 un rapport contre ce maudit passage aux quatre jours, rythme adopté "pour le confort des adultes sur  le dos des enfants". Il a visiblement changé d’avis, sans doute comme les experts de tous poils qui se contredisent sur le sujet depuis des années.

Les réformes se succèdent, sans recul. Alors pourquoi fait-il ça, le retour aux quatre jours ? Pour imprimer sa marque, ne pas se voir reprocher de n’avoir rien fait ? Les ministres de l’Education se succèdent et réforment chacun leur tour au pas de charge un système éducatif qui s’évalue sur le temps long. Le classement PiSA mesure la qualité de l’enseignement à l’âge de 15 ans. Il faudrait donc laisser du temps à une réforme systémique comme celle des rythmes scolaires pour l’évaluer sérieusement.

Des inégalités devant ce rétropédalage. En même temps, ce n’est pas le retour automatique aux quatre jours. Le ministre laisse la liberté aux communes de choisir, rester à quatre jours et demi ou revenir à quatre jours. Mais cet entre-deux est pire ! La liberté de choix créé les conditions de l’inégalité. Pourquoi ? Parce qu’en 2019, les aides de l’Etat aux communes pour les activités périscolaires vont s’arrêter. Du coup, les communes riches pourront effectivement rester à la semaine de quatre jours et demi. Et les communes pauvres s’empresseront de revenir à la semaine de quatre jours.

Et les enfants dans tout ça ? L’association des maires de France (AMF) a déjà annoncé la couleur en 2018 : une majorité de communes repassera à la semaine de quatre jours. Le choix sera donc économique, financier mais pas pédagogique ni dirigé vers l’intérêt de l’enfant. Comme le disait Jean-Michel Blanquer en 2010, "la réforme se fera pour le confort de tous mais sur le dos des enfants". Les ministres de l’Education réforment à la chaîne et au pas de charge, les enfants trinquent.