L’argent, angle d’attaque favori des adversaires d’Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron doit aussi répondre aux fréquentes attaques concernant le financement de son mouvement. © ERIC FEFERBERG / AFP
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R.Da.
Largement ciblé par Benoît Hamon dimanche, qui a voulu dénoncer "le parti de l’argent", Emmanuel Macron a répondu sur France 2 à une attaque devenue récurrente chez ses adversaires de gauche comme de droite.

Il n’a pas apprécié les sous-entendus de son concurrent socialiste. Emmanuel Macron, candidat à la présidence de la République, a répondu dimanche soir sur le plateau du JT de France 2 aux propos de Benoît Hamon qui, lors de son meeting géant à Bercy quelques heures plus tôt, a évoqué un "parti de l’argent [qui] a trop de candidats", repoussant l’idée d’"un pays où l’argent serait roi, voire même la seule raison d’être". Si l’ex-frondeur n’a pas nommé l’ancien protégé de François Hollande, il n’en n’a pas fallu davantage pour que ce dernier se sente en partie visé. "L’argent, je vous le dis, il ne faut ni le chérir ni le détester. Expliquer aux gens que l’argent est mauvais, c’est facile. Mais ce que les gens veulent comprendre, c’est comment finir les fins de mois", a voulu évacuer Emmanuel Macron, rappelant au passage qu’il propose de supprimer la taxe d’habitation pour 80% des Français ou encore d’augmenter "le salaire net pour tous les travailleurs et le travailleuses quels que soient leur statut ou leur catégorie".

Souvent désigné par ses adversaires comme le candidat du "pouvoir de l’argent", selon la formule de François Bayrou qui a pourtant fini par le rallier, l’ancien ministre de l’Economie a vu son passage comme banquier d’affaire chez Rothschild & Cie, entre 2008 et 2012, devenir l’angle d’attaque privilégié de ses adversaires. Lui-même présente pourtant cette expérience dans le privé comme un atout face à sérail politique déconnecté des réalités et du monde de l’entreprise : "Moi, j’ai gagné de l’argent dans ma vie, parce que j’ai eu un travail, et c’est très utile d’avoir eu un travail. J’invite d’ailleurs tout ceux qui donnent des leçons à s’interroger sur leur propre trajectoire", a-t-il déclaré, toujours sur France 2.

Polémique sur ses revenus…

Un passage chez Rothschild qui a permis au fondateur d’En marche ! d’empocher en tout 2,8 millions d’euros, de son aveu au JDD. Une somme qui fait l’objet ces dernières semaines de nombreuses interrogations de la part de ses détracteurs. En effet, sur sa déclaration de 2014 à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique, Emmanuel Macron faisait état d’un patrimoine de "seulement" 1,2 million d’euros  et de 1 millions d’euros d’endettement. Un décalage qui a poussé Anticor à demander des vérifications à la HATPV. "Pour expliquer sa faible déclaration de patrimoine, il aurait fallu que monsieur Macron flambe un smic par jour", a même calculé Florian Philippot, le vice-président du FN, sur le plateau d’On n’est pas couché, ciblant ainsi le train de vie du candidat. À La Croix, Emmanuel Macron a expliqué avoir payé l'impôts sur le revenu et remboursé différents emprunts, notamment pour l’achat de son appartement parisien et des rénovations dans la maison de sa femme au Touquet. "Pendant les années Rothschild, Emmanuel Macron a adapté son train de vie à ses revenus et il a donc pas mal dépensé", a toutefois reconnu  auprès du JDD Sylvain Fort, le porte-parole du candidat.

Autre polémique, également liée à sa déclaration de revenus : l’existence supposée d’un portefeuille d’actions cachées, soulevée par Anticor. À l’origine de cette rumeur, une ligne de la déclaration d’Emmanuel Macron à la HATPV, stipulant qu’il a touché entre 2011 et 2012 561.582 euros "de revenus de capitaux immobiliers", ce qui impliquerait que le candidat possède des actions, pourtant non-mentionnées dans la même déclaration. D’après le JDD, citant une source bancaire, Emmanuel Macron aurait en fait été payé par distribution de dividendes, récoltées sur les bénéfices des filières étrangères de Rothschild. En clair : il s’agit un système de rémunération fréquemment utilisé dans les milieux bancaires.

… et le financement de sa campagne

Mais au-delà des suspicions sur ses propres revenus, c’est aussi aux fréquentes attaques concernant le financement de son mouvement que doit répondre Emmanuel Macron. En marche ! n’ayant encore aucun élu sous sa bannière, ce sont les donations qui assurent son fonctionnement. Là encore, c’est Benoît Hamon qui a sonné la charge, demandant dès novembre à l’ancien protégé de François Hollande de révéler la liste de ses donateurs. Un exercice de transparence auquel a refusé de se prêter Emmanuel Macron : "La loi, parce qu’elle protège l’intimité, m’empêche de donner les noms de ceux et celles qui ont donné", avait-il invoqué sur Europe 1. Fin février, le candidat, qui revendique plus de 20.000 donateurs, a toutefois invité sur BFM TV ces derniers à "rendre public" leur don.

Au plus fort de l’affaire Fillon, la publication du livre Dans l’Enfer de Bercy avait également donné du grain à moudre à la droite, les journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says y révélant que l’ex-ministre de l’Economie avait dépensé en frais de bouche 80% de l’enveloppe de représentation accordée à son ministère - soit 120.000 euros -, lors de sa dernière année passée au gouvernement. Philippe Vigier, président des députés UDI et soutien de François Fillon, avait estimé lors d’un point presse que cette somme avait financé "des agapes En marche!, pour réunir tel ou tel, pour préparer sa campagne présidentielle". Au micro d’Europe 1, Christian Jacob s’était quant à lui étonné que ces révélations ne fassent pas l’objet d’une auto-saisine du parquet financier. "Que ceux qui diffament s'occupent de leurs propres turpitudes", avait balayé le candidat, assurant que l’argent dépensé rentrait dans le strict cadre de ses fonctions d’alors.