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Anaïs Huet , modifié à
Invitée du Club de la Presse mardi, la politologue Nonna Mayer, spécialiste du Front national, a expliqué que le parti visait désormais les classes moyennes.
INTERVIEW

"Le Front national a toujours fait des voix dans toutes les catégories de la population", a rappelé Nonna Mayer, mardi dans Le Club de la Presse. Dix jours après le second tour des élections régionales et les scores historiques du part d'extrême-droite, la politologue a estimé qu'après avoir séduit la plupart des couches sociales, la prochaine cible du FN serait "les classes moyennes, qui lui résistent encore". 

Faire des études prémunirait du vote FN. Nonna Mayer a expliqué cette exception par l'éducation. "Plus on a fait des études, moins il y a de probabilité de voter FN", a-t-elle affirmé. "Non pas que les électeurs du Front national sont des gens idiots, mais aujourd'hui, avoir le bac offre des meilleures possibilités de monter dans la société, de réussir. Et cela rend aussi plus sensible aux arguments un peu simplistes du Front national". 

Encore des résistances pour un vote massif FN. En tête en premier tour des régionales mais incapable de remporter le second tour, le Front national a aussitôt dénoncé le "plafond de verre" dont il est encore victime. Pour Nonna Mayer, le Front national est certes en train de changer, "mais ce processus est inachevé". La dédiabolisation n'a pas encore totalement fonctionné. "Le FN est un parti anti-système, il est encore perçu comme un danger pour la démocratie et est toujours capable de diriger la France", a jugé la spécialiste du parti d'extrême droite. Pour elle, si le FN est le premier parti de France en terme de voix et d'électeurs, il reste "un nain politique en nombre d'élus".

Nonna Mayer est co-auteur de Les Faux-Semblants du Front national. Sociologie d'un parti politique, aux éditions Presses de Sciences-Po.