La présidence de LR est-elle promise à Laurent Wauquiez ?

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Pour l'instant, Laurent Wauquiez n'a pas de concurrent de premier plan face à lui. © ROMAIN LAFABREGUE / AFP
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Avec le retrait de Valérie Pécresse, la route semble se dégager pour Laurent Wauquiez.  

On ne connaît pas encore la date précise de l’élection de la présidence de Les Républicains (LR) mais on sait déjà qui ne briguera pas la tête du parti. Après Xavier Bertrand, Valérie Pécresse a laissé entendre dimanche au JDDqu’elle ne serait pas candidate. La présidente de la région Île-de-France a choisi de créer son mouvement au sein de LR, "Libres", pour continuer à peser dans sa famille politique. Autant d’abandons de poids lourds qui ouvrent une autoroute à Laurent Wauquiez.

"On laisse la voie royale à la ligne Wauquiez-Ciotti"

Populaire auprès des militants de LR, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas encore officiellement déclaré sa candidature. Mais celui qui veut incarner une droite forte est déjà soutenu par des cadres sarkozystes comme Éric Ciotti ou Brice Hortefeux. D’autres personnalités de droite comme les députés Guillaume Larrivé, Daniel Fasquelle, le sénateur Roger Karoutchi semblent intéressées pour diriger le parti mais auront-elles suffisamment de poids pour contrer les ambitions de Laurent Wauquiez ? "Très déçu" par le choix de Valérie Pécresse, le maire LR de Reims Arnaud Robinet est plutôt "pessimiste" sur l’avenir de son parti. "Si on veut reconstruire quelque chose de l’intérieur, il faut défendre le projet", explique-t-il.

" Soit on a un candidat qui défend les valeurs libérales et humanistes et on combat face à Wauquiez. Soit, il faudra avoir le courage de créer une nouvelle force politique de droite, libérale et humaniste.  "

Si certains sénateurs LR poussent pour un report de l’élection au printemps 2018 (au lieu de l'automne prochain), le temps d’établir une ligne claire, cette idée a peu de chances d’aboutir. Et pour cause, Bernard Accoyer, secrétaire général et n°1 par intérim, ne veut pas s’éterniser à ce poste. "On est en train de laisser la voie royale à la ligne dure Wauquiez-Ciotti", déplore Arnaud Robinet, un temps pressenti pour entrer au gouvernement d’Édouard Philippe. "Ils vont faire mourir le parti si Wauquiez devient président".

Les "Constructifs" n’ont pas dit leur dernier mot

Les seuls capables de renverser la ligne Wauquiez-Ciotti sont certainement les "Constructifs". Mais pour le moment, ils ne sont pas dans la position la plus confortable pour peser. Lors du bureau politique de LR mardi soir – la date de l’élection pour la présidence de LR sera aussi débattue – Thierry Solère, Franck Riester ainsi qu’Édouard Philippe et les trois ministres de droite (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu) devraient être exclus du parti. "Ça n'est vraiment pas à la hauteur, et c'est révélateur d'un parti politique aux abois, qui n'est pas capable de regarder la vérité en face et de réfléchir aux raisons qui l'ont conduit à deux échecs successifs, en 2012 et 2017, et qui, plutôt que de rassembler, exclu", souligne Franck Riester lundi au micro d'Europe 1. "Ça fait penser aux partis autoritaires qui, dès qu'il y a une dissidence, tapent sur cette dissidence, l'excluent. On essaye de garder le pouvoir entre soi, dans une espèce d'oligarchie qui, avec ses œillères, envoie tout le monde dans le mur".

Thierry-Solere-estime-que-LR-est-en-train-d-exploser-parce-que-ses-electeurs-sont-devenus-irreconciliables

Même s’ils seront sans doute exclus de LR, la ligne "macron-compatible" peut s’appuyer sur un sondage très positif. Selon une enquête Harris interactive pour Valeurs actuelles publiée le 22 juin dernier, deux tiers des sympathisants de droite et du centre (68%) préconisent une attitude ouverte avec la politique de l’exécutif. "Soit on a un candidat qui défend les valeurs libérales et humanistes et on combat face à Wauquiez, explique Arnaud Robinet. Soit, il faudra avoir le courage de créer une nouvelle force politique de droite, libérale et humaniste". En d’autres termes, la scission n’est plus une vague idée dans la tête des "Constructifs" si le parti est tenu par Wauquiez.

LR gagné à son tour par le renouvellement ?

Pourtant menacé d’exclusion, le député "Constructif" en chef  Thierry Solère veut "s’organiser" pour briguer la présidence de LR. Après l’hypothèse Wauquiez et celle des "macron-compatibles", reste une dernière possibilité : le renouvellement. Et une personne s’est déjà inscrite sur ce créneau : Laurence Sailliet. Dans une interview à Atlantico dimanche, elle s’est déclarée candidate à la présidence de LR. "Le piège de cette élection, c’est de choisir le prochain candidat à la présidentielle de 2022", nous explique cette membre du bureau politique de LR. "On sort de deux débâcles électorales et on veut arrêter la ligne du parti, c’est aberrant". Et de conclure : "Tout le monde pense déjà à 2022. Moi je veux simplement remettre le parti sur pied".