Jean-Paul Delevoye : "On ne construit aucune espérance politique sur la désespérance des peuples"

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Jean-Paul Delevoye préconise de mieux prendre en compte la colère du peuple. © Europe 1
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Invité de la matinale d'Europe 1, mercredi, le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye a livré son analyse sur une société française en proie au déclassement.
INTERVIEW

"On a aujourd'hui une opportunité à retrouver ce qui doit être la finalité de la politique : comment reconstruire une espérance du futur ?" Pour le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, invité de la matinale d'Europe 1, mercredi, "le dialogue est la solution et le 'grand débat national' est un outil" pour parvenir à réconcilier une France en colère contre ses élites, qu'elles soient politique, économique, culturelle ou médiatique.

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"Survie du quotidien". L'ancien maire de la commune de Bapaume, dans le Pas-de-Calais, a insisté au micro de Nikos Aliagas sur les problèmes de déclassement que connaissait la société française depuis plusieurs décennies. Une angoisse sociale qu'il a aussi auscultée en tant que médiateur de la République, entre 2004 et 2011 : "J'avais alerté sur le fait qu'à l'époque, déjà, il y avait 15 millions de Français à 100 ou 150 euros près. J'évoquais déjà à l'époque la difficulté de la survie du quotidien et qu'il était difficile d'avoir un comportement citoyen", référence indirecte aux épisodes de violence qu'a connues le pays depuis novembre.

" Dans le débat politique, on cherche à terrasser celui qui ne pense pas comme vous, et non pas à convaincre "

"Besoin d'affectif" en politique. Face à cela, que doivent faire les dirigeants du pays, empétrés dans la crise des "gilets jaunes" depuis maintenant près de trois mois ? "On ne construit aucune espérance politique sur la désespérance des peuples", répond Jean-Paul Delevoye, ancien chiraquien devenu proche d'Emmanuel Macron. "On a besoin de retrouver un peu d'affectif et de psychologie en politique, [alors qu'aujourd'hui] on parle mais on n'écoute pas. Dans le débat politique, on cherche à terrasser celui qui ne pense pas comme vous, et non pas à convaincre." Avant de conclure : "Il faut retrouver la controverse."