Gouvernement : des cabinets ministériels surmenés ?

Le gouvernement a-t-il assez de conseillers dans ses cabinets ?
Le gouvernement a-t-il assez de conseillers dans ses cabinets ? © Thomas SAMSON / AFP
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Selon Le Monde, les cadences infernales et la charge de travail du premier été du quinquennat Macron épuisent des cabinets ministériels de taille réduite.

"Même si c’est dur, il va falloir changer de logiciel, nous n’avons pas le choix. Car sinon, tout le monde va mourir." La phrase est prononcée par un ministre, cité anonymement dans Le Monde, lundi, qui publie une enquête sur la machine gouvernementale "au bord du burn-out". Un burn-out d’ailleurs vécu par une conseillère ministérielle de Bercy, remplacée au bout de trois semaines car le rythme était trop soutenu. Mais le journal l’assure : toutes les équipes sont surmenées.

Journées à rallonge. Comment expliquer le fait que les équipes soient en permanence sur la brèche, malgré les vacances accordées à une bonne partie des ministres et de leurs conseillers ? La raison principale tient au fait que le nombre maximal de conseillers a été réduit à la demande d’Emmanuel Macron : désormais, un ministre ne peut plus disposer d’une équipe de plus de dix personnes dans son cabinet, cinq pour les secrétaires d’Etat. Par le passé, les seuils fixés, supérieurs, étaient volontairement franchis sans que les ministères ne soient rappelés à l’ordre par Matignon et l’Elysée. Maintenant définie par un décret, la taille maximale d'un cabinet empêche les membres du gouvernement Philippe d’agrandir leurs cabinets à leur guise.

Et la charge de travail n’a pas faibli par rapport aux précédents quinquennats. Pour certains ministères, comme au Travail ou à l’Intérieur, les dossiers se sont même accumulés cet été et n’ont pas permis aux cabinets de souffler. Les journées ont donc été naturellement longues pour une bonne partie des quelque 255 conseillers ministériels en fonction. "Tous les jours, c’est de 7 heures à 23h45. Pour les ministres, c’est pareil. C’est l’enfer. On verra combien de temps ça dure", soupire l’un d’entre eux dans les colonnes du quotidien.

Subterfuges. Face à ce rythme "très éprouvant physiquement" selon un directeur de cabinet, les membres de gouvernement tentent de trouver des subterfuges. Il en est ainsi du cabinet de Bruno Le Maire, qui a décidé, selon Le Canard enchaîné de mercredi, de s’adjoindre les services de deux hauts fonctionnaires "hébergés" par la direction générale du Trésor, mais chargés d’un travail de véritables conseillers ministériels. Place Beauvau, une "mission opérationnelle de sécurité et de défense" a été créée fin juin : elle est composée de neuf personnes, rattachées au directeur de cabinet de Gérard Collomb, Stéphane Fratacci. Elle n'apparaît pourtant pas dans l'organigramme officiel de son cabinet.

"L’administration n’est pas responsable". Autre solution pour cabinets pressurisés : associer davantage les administrations centrales aux décisions politiques. Leurs directeurs sont souvent présents aux réunions ministérielles, indique Le Monde. Mais si la direction d’une administration travaille d’ordinaire étroitement avec un ministère, le fait qu’ils soient aussi proches, voire confondus, pose un certain nombre de problème. "Avant, pour n’importe quel dossier, le conseiller du cabinet recevait cinq ou six notes des services et il devait faire la synthèse, raconte un conseiller de Bercy au quotidien. Là, on demande à l’administration de faire elle-même la synthèse et le cabinet ne reçoit plus qu’un seul papier. Cela pose tout de même la question sur ce qui relève du cabinet ou pas. L’administration n’est pas responsable, alors que s’il y a une crise ou un problème, le cabinet saute", détaille un conseiller de Bercy. Une situation que l’Elysée et Matignon reconnaissent, mais le seuil de dix conseillers par ministères ne devrait pas être relevé pour autant.