"Gilets jaunes" : "L'urgence, c'est que ça ne parte pas en vrille", la majorité face à l'angoisse de "l'acte 4"

Emmanuel Macron Edouard Philippe gilets jaunes Champs-Elysées 1280
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
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Jean-Rémi Baudot et Hadrien Bect, édité par Romain David , modifié à
Moins de 24 heures avant une nouvelle journée de blocage des "gilets jaunes", le gouvernement affiche sa sérénité, malgré les menaces dont font l'objet certains membres de sa majorité.

Le mécontentement des "gilets jaunes" s'exprime de plus en plus durement, malgré les gestes de l’exécutif. Cette colère fait craindre de nouvelles violences samedi, pour la quatrième séquence de mobilisation du mouvement. Si certains élus ont peur pour eux, et plus largement pour l'issue du mouvement, l'exécutif continue de jouer l'apaisement malgré les signaux d'alerte.

L'optimisme de l'Elysée et de Matignon. "Le Président est très concentré, il est sur le pont" affirme un proche d'Emmanuel Macron. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on met en avant la volonté d'apaisement du pouvoir. "On a le sentiment qu'une bonne partie des Français a compris", glisse-t-on. "Méthode Coué", railleront certains, mais du côté du Matignon, c'est le même affichage. "Les retours du terrain sont positifs. C'est ce que nous font remonter certains instituts de sondage" précise, optimiste, un conseiller du Premier ministre.

Le silence du chef de l'Etat. L'exécutif affirme donc ne pas se sentir assiégé, quand bien même certains "gilets jaunes" appellent à marcher sur l'Elysée. Pour autant, le président restera silencieux jusqu'à la fin du week-end, pour "ne pas mettre de l'huile sur le feu", indiquait vendredi matin Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale. Mais en coulisses, les langues sont parfois plus dures. "Cette sérénité, c'est une posture", assure un proche du ministre de l'Intérieur qui explique que le gouvernement n'a pas entendu les signaux annonciateurs de cette violence. "L'urgence, c'est que ça ne parte pas en vrille... mais je ne sais pas comment on s'en sort", tranche un membre de l'exécutif.

 

Des députés directement menacés. Du côté de la majorité, en revanche, la peur est autrement plus palpable. "On a l'impression qu'ils veulent tout faire péter", résume avec un peu d'inquiétude dans la voix un cadre de La République en marche. Certains députés seront protégés par un ou deux gendarmes, postés devant leur domicile ce weekend. En effet, plusieurs élus assurent avoir reçu des SMS de menaces, du type "on connaît ta fille, ta femme". "On ira vous chercher dans votre lit et on vous fera la peau", dit un message consulté par Europe 1.

"C'est la démocratie qui est en jeu". Une réponse symbolique des députés marcheurs a été publiée sur les réseaux sociaux. Une vingtaine d'entre eux ont tourné des vidéos appelant au calme. Des tracts intitulés "maintenant le dialogue" sont également distribués depuis vendredi, comme une ultime tentative pour étouffer l’incendie qui sommeille. "Demain, c'est la démocratie qui est en jeu", alerte une députée qui prévoit de rester chez elle ce week-end. Une autre ajoute, un peu démunie :"s'il y a des violences demain, je suis bien incapable de vous dire ce qui se passera dimanche matin".