François Ruffin met en garde Emmanuel Macron, "haï" avec une "légitimité fragile"

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François Ruffin, journaliste-réalisateur et candidat aux législatives, interpelle Emmanuel Macron sur la "légitimité fragile" de son éventuelle élection. 

"Vous êtes détesté d'emblée, avant même d'avoir mis un pied à l'Elysée". Ce sont les mots de François Ruffin, le journaliste-réalisateur et candidat aux élections législatives dans la Somme, à l'adresse d'Emmanuel Macron, dans une tribune au Monde publiée jeudi, pour l'avertir de la "légitimité fragile" de son éventuelle élection. 

"Haï, haï, haï"."Ça m'a frappé, vraiment, impressionné, stupéfait : vous êtes haï", martèle d'entrée le candidat aux législatives dans la première circonscription de la Somme, soutenu par La France insoumise notamment. François Ruffin est soucieux de parler "avec gravité" à Emmanuel Macron. Il lui répète, une dizaine de fois, à quel point ce dernier est "haï", pour la bonne raison qu'avec "votre cour, avec votre campagne, avec la bourgeoisie qui vous entoure, vous êtes frappés de surdité sociale". Les deux hommes se sont rencontrés la semaine dernière, dans sa ville justement. "Vous n'entendez pas le grondement : votre heure, houleuse, sur le parking des Whirlpool n'était qu'un avant-goût", juge-t-il, en référence à l'usine promise à la délocalisation. Avant d'évoquer "un fossé de classe qui (...) se creuse". 

L'auteur du documentaire césarisé Merci Patron! poursuit sur l'intention du candidat En Marche! de gouverner "par ordonnances". "C'est dangereux, dit-il, comme si le 7 mai, les électeurs vous donnaient mandat pour ça". Le réalisateur avait laissé entendre entre les deux tours qu'il pourrait voter pour Emmanuel Macron, "un geste dont (il)" ne serait "pas fier", pour contrer Marine Le Pen, mais assuré qu'il serait son "opposant ferme dès le 8 mai au matin". 

"Une base rikiki". Pour le candidat "Picardie debout!", la légitimité de Macron au lendemain du 7 mai, s'il est élu, aura "une base rikiki". Et c'est "sur cette légitimité fragile que vous comptez mener vos régressions à marche forcée ? Que ça passe ou ça casse ? Vous êtes haï, monsieur Macron, et je suis inquiet pour mon pays, moins pour dimanche soir que pour plus tard, pour dans cinq ans ou avant : que ça bascule vraiment, que la fracture sociale ne tourne au déchirement. Vous portez en vous la guerre sociale comme la nuée porte l'orage. À bon entendeur", conclut-il.