EDITO - Municipales : "Macron doit s’occuper des querelles de famille"

© Ludovic MARIN / AFP
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Nicolas Beytout, édité par Rémi Duchemin
A quatre mois seulement des élections municipales, les querelles intestines se multiplient au sein de La République en marche. Emmanuel Macron, qui tentait mardi de reconquérir les maires déjà élus, doit désormais siffler la fin de la récréation, selon notre éditorialiste Nicolas Beytout. 

>> Emmanuel Macron était mardi au congrès des maires de France pour poursuivre son opération reconquêts des élus locaux, une opération pas forcément réussie. Mais il n’a pas fait oublier qu’à quatre mois des municipales, dans son propre camp, les dissensions se font jour, rappelle notre éditorialiste Nicolas Beytout.

"On reparle des maires, ce matin, parce que ça bagarre sec au sein de La République en Marche. Décidément, lorsqu’on est Président, il faut s’occuper de tout. Il faut se réconcilier avec les maires de France, venir à leur grand Congrès annuel, leur parler, leur dire qu’on les aime, qu’on les écoute. Bon, ça, c’est fait. Et puis, à quatre mois des élections municipales, il faut mettre les mains dans le cambouis et s’occuper de régler des querelles de famille. Je pense à la guerre que se livrent désormais très ouvertement les différents candidats se revendiquant d’Emmanuel Macron, dans les trois plus grandes villes de France, à savoir Paris, Lyon et Marseille

A Paris, la plainte de Villani

Exactement. Trois villes qui, sur le papier, sont à portée de main pour le parti du Président de la République, mais qui sont toutes les 3 secouées par des affrontements de plus en plus violents. On a encore franchi un cran mardi. Dans la capitale, Cédric Villani, le challenger dissident, a déposé plainte contre les méthodes du candidat officiellement désigné Benjamin Griveaux.

En cause, un sondage qu’il soupçonne d’être biaisé à son détriment. Et c’est important, les sondages à Paris. Puisque les deux candidats n’arrivent pas à se départager, puisque leurs programmes respectifs ne semblent pas marquer les esprits, il ne reste en effet que les sondages pour créer une éventuelle dynamique en faveur de l’un ou au détriment de l’autre. Pas formidable…

A Lyon et Marseille, la "vieille politique"

Là, c’est la guerre entre Gérard Collomb, revenu sur ses terres après avoir abandonné à grand fracas son portefeuille de ministre de l’Intérieur, et qui veut retrouver ses mandats locaux. Pas d’accord, disent ceux qui l’ont remplacé à la mairie et à la métropole : on reste. Et l’atmosphère est tellement lourde que les partisans des uns et des autres s’insultent et se menacent désormais en public.

Enfin à Marseille, rien n’est tranché entre un député En Marche et le président de l’Université : l’un et l’autre prétendent succéder à Jean-Claude Gaudin. Et là encore, c’est la mécanique de l’échec qui se met en place, dans une ambiance très "vieille politique" de bataille pour les postes. Tout ce qu’Emmanuel Macron avait promis qu’on ne verrait pas dans son mouvement.

Et qu’est-ce qu’il devrait faire ? Intervenir, siffler la fin de la récréation ?

Il a déjà essayé, par exemple à Lyon, mais en vain. Il va certainement réessayer, beaucoup de ses amis l’incitent à le faire. Mais il ne reste que quatre mois, jour pour jour, pour apaiser tout ça. Le plus cocasse, c’est que pendant ce temps, d’autres appliquent ses méthodes. C’est le cas à Nice où le maire Les Républicains, le sortant Christian Estrosi, a réussi à empêcher tout autre candidat venu de son propre camp, et promet maintenant d’ouvrir ses listes à des représentants du MoDem et de La République en Marche. En voilà un qui n’a pas oublié les leçons de "nouvelle politique" du jeune candidat Macron. "