ÉDITO - "L'ordre républicain ne se divise pas en tranches de saucisson"

Jean-Michel Aphatie, Europe 1, 1280
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Jean-Michel Aphatie, édité par Grégoire Duhourcau
Jean-Michel Aphatie est revenu lundi sur la sympathie exprimée par certaines forces de l'ordre aux "gilets jaunes", s'inquiétant des conséquences que cela pourrait engendrer pour la stabilité de l'État.

Les débordements sur les Champs-Elysées font partie des images marquantes de ce nouveau week-end de blocage des "gilets jaunes". Mais sur les réseaux sociaux, des vidéos montraient également une forme de sympathie mutuelle entre les forces de l'ordre et les manifestants. Cela fait dire à Jean-Michel Aphatie, l'éditorialiste d'Europe 1, que "cette crise des 'gilets jaunes' pourrait emporter beaucoup de choses avec elle".

"Des images où l'on voit les policiers, les CRS, sympathiser avec les manifestants, c'est exceptionnel ! C'était samedi à Paris. Une colonne de CRS passe entre deux rangées de manifestants. Les 'gilets jaunes' applaudissent les CRS qui répondent par des petits gestes de sympathie envers les manifestants. Je n'ai jamais vu de CRS faire ça. En général, ils ont le casque et les manifestants leur tapent dessus plutôt que leur faire des petits coucous.

Deux motards de la police nationale avec des gilets jaunes. Une autre image tourne beaucoup sur les réseaux sociaux. Cela s'est déroulé en province, samedi. On voit deux motards de la police nationale avec une centaine de 'gilets jaunes' autour d'eux. Ils descendent de la moto, enfilent leurs gilets jaunes marqué 'police', remontent sur la moto et sont acclamés de longues minutes par les manifestants, qui ont bien compris qu'il s'agit-là d'un geste de solidarité. C'est une image assez stupéfiante.

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Il y a beaucoup d'autres images sur lesquelles des policiers serrent la mains des manifestants et où l'on voit qu'il y a une sympathie mutuelle. Et puis, il y a beaucoup d'histoires sur Twitter et sur Facebook, mais qui sont invérifiables, qui assurent que des policiers en civil profitent de leurs jours de congé pour aller bloquer les routes.

"L'ordre républicain ne se divise pas en tranches de saucisson." On peut dire que les policiers sont des citoyens comme les autres. Ce sont des fonctionnaires aux revenus modestes donc ils partagent des préoccupations communes avec les 'gilets jaunes' mais en même temps, l'ordre républicain ne se divise pas en tranches de saucisson ! La police ne peut pas être, pas une minute, du côté des manifestants. La police est là pour appliquer les consignes du gouvernement. Si les policiers ne veulent pas, il faut qu'ils fassent autre chose.

Entendu sur europe1 :
Il est vraiment temps qu'Emmanuel Macron trouve une issue à cette crise

Au ministère de l'Intérieur, on minimise tout. Le ministère de l'Intérieur a raison en disant qu'il n'y a pas un policier qui n'a pas appliqué un ordre. Tous les ordres ont été appliqués, c'est vrai. On peut s'étonner quand même de la facilité avec laquelle les manifestants ont franchi, samedi matin, les barrages des Champs-Élysées qui étaient réputés interdits aux manifestants.

"Cette crise des 'gilets jaunes' pourrait emporter beaucoup de choses avec elle." Ce qui est vrai, c'est que ce mouvement des 'gilets jaunes', atypique, que nous n'avons jamais vu en France, met les institutions à la torture. Quand on conteste l'impôt, cela conteste jusqu'à la légitimité de l'Etat. La police n'échappe pas à cette torture et les scènes de sympathie que l'on a vu à l'égard des manifestants étaient inédites et peuvent poser problème si elles se renouvellent et si elles se multiplient. Il est vraiment temps qu'Emmanuel Macron trouve une issue à cette crise. Et ce n'est pas facile parce que cette crise des 'gilets jaunes' pourrait emporter beaucoup de choses avec elle."