Coronavirus : Annegret Kramp-Karrenbauer "ne croit pas" à des contreparties pour les pays aidés par l'Europe

Annegret Kramp-Karrenbauer  Michael Sohn / POOL / AFP
Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre de la défense allemande et présidente de la CDU, était l'invité de la matinale d'Europe 1. © Michael Sohn / POOL / AFP
  • Copié
Séverine Mermilliod , modifié à
Annegret Kramp-Karrenbauer, ​ministre allemande la Défense et présidente de la CDU, était l'invitée d'Europe 1, jeudi. Elle a réaffirmé la volonté de solidarité entre voisins européens et a expliqué ne pas croire à des contreparties pour les pays les plus en difficulté face au coronavirus.
INTERVIEW

Alors que les frontières se referment et que la France, comme de nombreux Etats d'Europe, poursuit son confinement, la solidarité européenne s'organise pour lutter contre la pandémie de covid-19. Annegret Kramp-Karrenbauer, ​ministre allemande la Défense et présidente de la CDU, est intervenue jeudi au micro d'Europe 1 pour en parler. Elle a assuré ne pas croire que des contreparties en échange de l'aide européenne pour les pays les plus touchés seraient à l'ordre du jour.

Les MES ne seront plus liés à "des plans de consolidation rigoureux"

“Il y a une volonté très forte d'être en solidarité avec nos voisins européens", a tenu à rassurer la ministre, alors que l'Europe est très durement touchée par la crise, avec pour le moment plus de la moitié des décès recensés dans le monde. "Mais il y a des discussions très profondes en ce qui concerne les dettes et la question des eurobonds".

Mercredi, les ministres européens des Finances n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la réponse économique à apporter à la crise, et ils doivent se réunir à nouveau jeudi soir. L'Allemagne et les Pays-Bas, par exemple, refusent pour l'instant de mutualiser les dettes publiques.

Y aura-t-il alors des contreparties pour les pays qui seraient aidés, par exemple pour l’Italie et l’Espagne ? “Je ne le crois pas", répond-elle, "parce que, par exemple, nous avons dit que les crédits MES (mécanismes européens de stabilité, qui servent à gérer les crises financières au sein de la zone euro, Ndlr) ne seront plus liés à des plans de consolidation rigoureux. C’est une proposition qui peut aider tous les voisins en Europe, surtout des pays comme l’Italie.”

L'Allemagne, nouvel "Etat-Providence" ?

L'Allemagne, jusqu'à présent, est remarquée pour sa gestion de la crise. Le pays accueille par exemple des malades français dans ses hôpitaux, a débloqué des milliards d'euros pour aider l'économie, et cela après 15 ans de rigueur budgétaire. Mais si le pays est souvent considéré comme celui qui "paye" pour les autres, il n'y a actuellement pas de place pour l'égoïsme, explique Annegret Kramp-Karrenbauer : "Nous ne nous opposons pas à la solidarité. Je suis persuadée qu’après la lutte contre le coronavirus, il faudra que l'on revitalise l'Europe."

"Notre politique de rigueur n’a jamais été une fin idéologique en soi", ajoute-t-elle. "Pour nous, une telle politique est une contribution essentielle à l’équité intergénérationnelle. C’est cette discipline budgétaire qui nous permet de réagir à la crise du coronavirus avec tous nos moyens économiques et financiers, pour le bien-être de la population."

"La lutte contre le coronavirus n'est pas un concours"

Si la ministre de la Défense estime qu'être le bon élève de l'Europe peut être "quelques fois un peu difficile et fatigant", elle considère aussi que "les Etats européens qui sont forts sont prêts à utiliser cette force pour soutenir tous les autres en Europe". Et salue les forces françaises qui aident côté allemand.

“La lutte contre le coronavirus n'est pas un concours, c'est un défi pour tout le monde, et on apprend chaque jour", rappelle enfin la présidente de la CDU. "On a testé très tôt, très rapidement, de nombreuses personnes. Mais on a appris de la France en ce qui concerne le confinement et on a préparé les hôpitaux. Il faut qu’on reste vigilants chez nous, mais également en France, et dans les autres États européens", conclut-elle.