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Un artisan-chef d'entreprise dénonce au micro d'Europe 1 la contrainte et la complexité du compte pénibilité à dix volets, estimant que le dialogue et la bonne entente entre patrons et salariés restent le meilleur moyen de sécuriser le travail. 
INTERVIEW

Pierre Gattaz, le n°1 du patronat, a annoncé que le Medef refusait de mettre en application le compte pénibilité à dix volets, qui entre en vigueur vendredi, invoquant sa complexité. À compter de cette date, les patrons devront notamment vérifier les postures pénibles, la manutention des charges, les vibrations mécaniques, les températures, le bruit, etc. À terme, les salariés soumis de manière répétée à ces différentes contraintes peuvent obtenir une réduction du temps de travail ou encore une formation en vue d'une reconversion. 

Une mesure inutile ? "J’ai six salariés, je suis dans le bâtiment. Nous, la règle est simple : trouver des solutions pour protéger nos salariés. On n’a pas attendu que la loi sorte. J’ai des documents qui permettent aux salariés et aux chefs d’entreprise de rechercher tout ce qui va être une solution pour éviter les contraintes physiques", explique jeudi au micro d’Europe 1 Midi Patrick Liébus, président de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, par ailleurs maître artisan couvreur-zingueur-ardoisier, et à la tête d’une entreprise de six salariés.

Ce patron refuse de se mettre hors-la-loi, mais il dénonce une mesure qui, selon lui, n’a pas d’objet si l’on donne aux chefs d’entreprise les moyens de faire de la prévention. "On peut y arriver, par contre il faut des moyens d’investissements pour s’équiper, et pour ça il faudrait qu’on arrête de nous charger au niveau fiscal."

Sécuriser les entreprises. "Arrivé un moment donné il faut qu’on trouve des solutions", explique encore Patrick Liébus qui doit être reçu jeudi après-midi par le Premier ministre et Myriam El Khomri. "Je pense que le gouvernement n'a pas véritablement intérêt à conduire les entreprises dans le mur, il a suffisamment de problèmes à gérer en ce moment", estime-t-il. "On a des solutions, elles existent. Laissons nous faire le travail pour sécuriser les entreprises. Si l’unité dans notre pays avait fonctionné, on aurait évité qu’une catégorie paye pour toutes les entreprises. Le privé va payer, mais pas le public."

Pour lui, le compte pénibilité menace d'"uberisation" le monde du travail. "Je n’ai rien contre les travailleurs détachés, mais ce que certaines entreprises vont faire c’est se tourner uniquement vers les travailleurs détachés. Il n’y aura plus de contraintes, mais on ne parlera plus de la sécurité sociale, du chômage et des retraites. Si c’est ce que veut le gouvernement ou l’Etat, qu’ils nous le disent tout de suite, parce que ce sera sans nous !", conclut-il.