Cambadélis accuse la droite de "jouer avec les valeurs" républicaines par "électoralisme"

© FRANCOIS GUILLOT / AFP
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avec AFP
Le premier secrétaire du Parti socialiste a estimé que Nicolas Sarkozy, qui vient de donner une interview à Valeurs actuelles, chassait sur les terres du Front national.

L'entretien fleuve de Nicolas Sarkozy dans Valeur actuelles, publié jeudi, a fait grincer quelques dents à gauche. Jean-Christophe Cambadélis a ainsi fustigé, dans une interview à Libération en forme de réponse, "la droite [qui] joue avec les valeurs de la République pour des raisons strictement électoralistes".

"Tutoiement du FN". Selon le premier secrétaire du Parti socialiste, le président des Républicains, dont la candidature à la primaire de la droite n'est pas officielle mais ne fait guère de doute, "a défini sa tactique pour la présidentielle". "Il ira le plus loin possible dans le tutoiement du Front national pour battre Alain Juppé" lors de la primaire, en novembre prochain. De fait, Nicolas Sarkozy poursuit dans Valeurs actuelles sa stratégie très "droitière", dénonçant une France "faible" face à la menace terroriste et proposant même de réformer le droit du sol pour qu'il ne soit plus "automatique". 

"Légitimer les pensées" frontistes. "Et demain, lorsqu'il sera désigné, [Nicolas Sarkozy] nous dira qu'il est le seul rempart au FN...", prédit Jean-Christophe Cambadélis. Mais le patron du PS anticipe qu'alors, "le mal sera fait". "Il aura un peu plus légitimé les pensées profondes, souvent xénophobes, du FN, et créé les conditions d'un bloc réactionnaire dont il serait prisonnier si, par malheur pour la France, il l'emportait." 

"Accrocs à nos principes". Pour Jean-Christophe Cambadélis, certains responsables à droite "pensent qu'une élection vaut bien quelques accrocs à nos principes". "Évidemment, Nicolas Sarkozy entraînant l'ensemble de son camp vers l'extrême droite - y compris Alain Juppé qui ne peut, ni ne veut se distinguer - cela offre un espace à tous les républicains pour résister à la dérive nationaliste, sectaire, coupant la France en deux. Ce que cherchent très exactement les Daechistes (sic) par leurs attentats répétés", analyse-t-il.

Valls monte au créneau. Manuel Valls, lui aussi, s'est fendu d'une réponse au président des Républicains. Selon le Premier ministre, la France n'est pas attaquée parce qu'elle est "faible", mais bien "parce que nous sommes le pays des Droits de l'Homme et du citoyen, parce que nos valeurs rayonnent depuis des décennies dans le monde. Ce sont ces valeurs d'égalité, de liberté, de fraternité qui sont aujourd'hui attaquées par les terroristes".