Bernard-Henri Lévy : "Il n'y a pas de crise des migrants"

Bernard-Henri Lévy BHL
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Le philosophe et essayiste Bernard-Henri Lévy a estimé dimanche sur Europe 1 qu'on ne pouvait parler de crise migratoire. Lui voit plutôt dans l'hystérisation des débats autour des migrants la preuve d'un "affaiblissement spirituel" des populations européennes.
INTERVIEW

Bernard-Henri Lévy a été catégorique, dimanche : "il n'y a pas de crise des migrants." Le philosophe et essayiste a rappelé dans le Grand Rendez-Vous d'Europe 1 avec CNews et Les Échos que "le solde migratoire, comme dise les démographes ou les économistes, est nul. La balance est à zéro. Cette histoire de migrants ne tient pas". 

L'"affaissement intérieur" de l'Europe. "Je crois que ce n'est pas un ras-le-bol mais un affaiblissement spirituel, une sorte d'affaissement intérieur" des populations européennes, a-t-il poursuivi. "Quand on n'est pas capable de supporter autrement que comme une menace d'invasion un bateau fantôme qui croise au large des côtes européennes, c'est que ça ne va pas à l'intérieur." Le philosophe dit "constater une espèce de fatigue, de lassitude démocratique dans nos pays". 

Parallèle avec les années 1930. Bernard-Henri Lévy a fait un parallèle entre la situation vécue par l'Europe aujourd'hui et celle des années 1930. "Le premier phénomène des années 1930, c'était une décomposition intellectuelle, une fragilité de nos propres croyances. Il y a quelque chose de [semblable] dans l'âge sombre que nous connaissons aujourd'hui. Deux conceptions de l'Homme et de sa place dans le monde" qui s'affrontent sur le Vieux Continent, avec d'un côté les pays tentés par le nationalisme et le repli, et de l'autre ceux qui croient encore en l'idéal européen.

"Pression sur les populistes". De fait, a rappelé l'essayiste, "la division est là" en Europe. "Pour la première fois, on sent qu'elle pourrait exploser." Mais, veut croire BHL, "ce n'est pas inéluctable, il faut réagir". Pour l'écrivain, le problème vient tout à la fois de pays comme ceux du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie) qui boycottent un sommet européen dimanche, que de leurs partenaires européens qui ne se montrent pas suffisamment fermes en face. "Il faut leur répondre, il y a des sanctions. Sanctions politiques, financières.... il y a des moyens de pression sur les populistes."