Après Hauts-de-France, quels noms pour les nouvelles régions ?

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La nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie a choisi lundi son nouveau nom. D'autres vont suivre sous peu, avec des débats parfois enflammés. 

Le Nord-Pas-de-Calais-Picardie est mort, vivent les Hauts-de-France. Plus précisément, Hauts-de-France-Nord-Pas-de-Calais-Picardie, selon le nom officiellement choisi lundi par le Conseil régional présidé depuis le début de l’année par Xavier Bertrand. Mais nul doute que seule la première partie de l’expression passera dans le langage courant. L’exécutif local a inauguré là une vague de dénominations rendue nécessaire par la réforme territoriale engagée par le gouvernement.

  • Quelles sont les régions concernées ?

Au total, six régions métropolitaines, nées le 1er janvier 2016 de la fusion d’anciens territoires, doivent décider (ou pas) d’être rebaptisées. Les choix devront ensuite être validés au plus tard le 1er juillet par le Conseil des ministres et faire l’objet d'un décret du Conseil d'Etat avant le 1er octobre.

  • "Hauts-de-France", préféré à "Terres-du-Nord" et "Nord-de-France"

La nouvelle grande région du Nord aura donc été la première à trancher. Xavier Bertrand, son président, avait lancé en février une grande consultation auprès des lycéens et apprentis, et trois noms, "Hauts-de-France", "Terres-du-Nord " et "Nord-de-France" avaient émergé. Le patron de l’exécutif local avait clairement énoncé sa préférence pour le premier des trois noms. C’est finalement celui-là qu’il a présenté au Conseil régional lundi. Pour une adoption à l’unanimité des votants, tous membres de la droite et du centre. Le Front national a lui choisi de s’abstenir. "Vous proposez un nom sans racine, sans histoire, sans perspective", s’était offusqué par anticipation le conseiller régional frontiste Paul-Henry Hansen-Catta au sujet de "Hauts-de-France". Mais ce nom avait pour mérite de ne pas mentionner le Nord et d’ainsi ne pas donner l’impression d’exclure les habitants de Picardie du nouveau territoire.

  • Dans l’Est, "Austrasie", "Acalie", "Rhin-Champagne" ou "Grand-Est" ?

Ailleurs, c’est dans la région du Grand-Est, celle qui a fusionné l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine que le processus est le plus avancé. Un collège d’experts, d’élus et de citoyens tirés au sort a réduit la liste à trois noms : "Acalie", "Rhin-Champagne" ou "Nouvelle Austrasie". Exit donc "Grand-Est", qui avait la préférence du président de la Région, le Républicain Philippe Richert ? Non, puisque sur décision du Conseil régional, ce quatrième nom a finalement été rajouté à la "short list". Désormais, les habitants ont jusqu'au 1er avril pour voter pour l'une des quatre propositions. Puis, le 29 avril, le nom qui a remporté le plus d'adhésions sera proposé aux élus du Conseil régional. 

Si "Acalie" n’est en fait que l’allongement de l’acronyme Acal, la "Nouvelle Austrasie" fait référence à une région mérovingienne qui englobait, entre autres, les territoires de la grande région. Quant à "Rhin-Champagne", c’est la géographie qui a prévalu. "La Lorraine, l'Alsace et les Ardennes ont en commun d'être constituées autour du bassin versant du Rhin", explique Richard Kleinschmager, professeur à la faculté de géographie de Strasbourg. Une chose est sûre : Jean-Pierre Masseret, le candidat PS qui avait refusé de se désister au second tour lors des dernières élections régionales, n’apprécie aucun des trois. Peut-être militera-t-il pour le "Grand-Est" ?

  • Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes : réponse le 20 juin

Alain Rousset, président socialiste de la nouvelle grande région regroupant l’Aquitaine, le Limousin et Poitou-Charentes a décidé de prendre son temps. Ce n’est que le 20 juin que le nom de la nouvelle entité sera dévoilé, à l’issue d’une séance plénière du Conseil régional. En attendant, un groupe de travail, présidée par l’historienne Anne-Marie Cocula et composé de dix élus de tout bord et de 12 experts, est chargé de plancher sur la question.

Selon Sud-Ouest, Alain Rousset a une préférence pour "Aquitaine", précédée d’un adjectif, "Grande" ou "Nouvelle". Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et sénateur de la Vienne, a fait part de sa préférence pour le premier choix sur Twitter.

Début janvier, Alain Juppé avait admis avoir un temps songé au "Duché d’Aliénor", avant d’admettre la résonnance quelque peu "passéiste" de la dénomination. D’autres, comme Dominique Bussereau, député LR de Charente-Maritime et François Bayrou, maire Modem de Pau, se contenterait d’"Aquitaine" tout court. Enfin, la palme de l’originalité revient à Henri Emmanuelle, député PS des Landes qui, selon Sud-Ouest, plaide pour "Atlantiqua".

  • Auvergne-Rhône-Alpes : l’"Aura" de Laurent Wauquiez ?

En Auvergne-Rhône-Alpes, l’heure est à la consultation du grand public, après celle des lycéens (qui ont suggéré, pour certains, "La Volc'en Loire", "Puyrhônealpes", "La Rhognale", "Hautes Chaînes de France" ou encore "Entre Monts et Rhône").

Les habitants des deux anciennes régions désormais fusionnées peuvent se prononcer jusqu’au 25 mars sur http://www.auvergnerhonealpes.eu/78-votez-pour-le-nom.htm. Mais au final, c’est bien le Conseil régional et son président Laurent Wauquiez qui trancheront. Deux favoris se détachent : "Rhône-Alpes-Auvergne", tout simplement, ou l’acronyme "Aura".

  • Bourgogne-Franche-Comté vers… Bourgogne-Franche-Comté ?

La région présidée par Marie-Guite Dufay pourrait être la seule à opter pour le statu quo. "Il y a quelque chose de naturel, c’est garant du maintien de deux identités très fortes", avait argué l’élue socialiste dans Le Monde. D’ailleurs une consultation, close dimanche à minuit, commençait par la question suivante : "Souhaitez-vous que Bourgogne-Franche-Comté soit le nom définitif de la région?" La réponse n’est pas encore connue, mais cette option est clairement la plus probable.

  • Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : ça commence à peine

Là, le processus commence à peine. Un comité de 30 personnalités est dans un premier temps chargé de dégager une liste de noms potentiels. Le Conseil régional choisira ensuite le 14 avril en séance plénière trois d’entre eux, à soumettre aux citoyens, via une consultation en ligne. L’affaire est compliquée. "Occitanie", que beaucoup approuvent, fâche les Catalans. Du coup, "Occitanie-Pays Catalan" pourrait être une option. "Languedoc-Pyrénées" est également une option plausible, comme "Midi". Mais à chaque fois, les propositions font leur lot de mécontents. Ce ne sera donc pas chose aisée. En son temps, Georges Frêche, président du Languedoc-Roussillon, avait tenté de rebaptiser sa région en "Septimanie". Les réticences avaient été telles qu’il avait finalement dû renoncer.