Agnès Buzyn défavorable au durcissement du slogan sanitaire sur l'alcool

La ministre réfute la critique d'avoir cédé aux lobbies viticoles.
La ministre réfute la critique d'avoir cédé aux lobbies viticoles. © LUDOVIC MARIN / AFP
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avec AFP , modifié à
La mesure "peut laisser penser qu'on est pour une action de prohibition, c'est à dire qu'on ne veut pas d'alcool du tout, or ce n'est pas le cas", estime la ministre de la Santé. 

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a rejeté mardi les appels de certains médecins à durcir le message sanitaire à propos des boissons alcoolisées, tout en se défendant de céder face au lobby viticole. Des médecins avaient estimé que les mesures contre l'alcoolisme du plan de prévention présenté lundi par le gouvernement étaient "cosmétiques", et réclamé que le message sanitaire "l'abus d'alcool nuit à la santé" soit remplacé par "l'alcool nuit à la santé". Cette formule "peut laisser penser qu'on est pour une action de prohibition, c'est à dire qu'on ne veut pas d'alcool du tout, or ce n'est pas le cas aujourd'hui", a affirmé la ministre, interrogée mardi sur RTL. "C'est une recommandation du Haut conseil de santé publique" mais "je pense qu'il faut informer les Français sur le fait que l'alcool nuit à la santé de manière proportionnelle à la dose et que chacun doit être en capacité de choisir" sa consommation d'alcool, a-t-elle ajouté.

"Ma bataille n'est pas de lutter contre les lobbies". "Il y a un lobby mais ma bataille n'est pas de lutter contre les lobbies, elle est de faire de l'information et je maintiendrai les messages de santé publique que j'ai toujours donnés sur la nocivité proportionnelle" de la consommation d'alcool, a-t-elle expliqué. La principale mesure du plan de prévention santé présenté lundi sur ce sujet est l'augmentation de la taille du pictogramme pour les femmes enceintes. La ministre, qui avait défendu début février la position que le vin était un "alcool comme un autre", s'était attirée les foudres de la filière agricole et de ses soutiens actifs au Parlement, avant d'être recadrée par le président Macron. "Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n'est pas avec le vin", avait plaidé le chef de l'Etat en inaugurant le Salon de l'agriculture le mois dernier. "Tant que je serai président, il n'y aura pas d'amendement pour durcir la loi Evin" restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées, avait-il affirmé.

 

 

"Le vin a encore gagné". Le plan de prévention santé annoncé lundi par le gouvernement se limite, contre l'alcoolisme, à des mesures "cosmétiques", déplorent neuf médecins, qui estiment que "le vin a encore gagné". "L'alcool tue davantage en France que les armes à feu aux États-Unis (49.000 morts par an contre 33.000)", écrivent ces médecins dans un communiqué. Or d'après eux les mesures proposées sont "cosmétiques, bien en deçà de la gravité du problème".