À droite, revenir sur le non-cumul des mandats fait débat

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© FRANCOIS GUILLOT / AFP
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Margaux Baralon
Nicolas Sarkozy prône le cumul et souhaite donc revenir sur la loi socialiste qui entrera en vigueur en 2017. Mais sa propre famille politique ne le suit pas sur ce terrain.

Nicolas Sarkozy ne s'en est jamais caché : le non-cumul des mandats, très peu pour lui. Mercredi, le président des Républicains, qui s'exprimait lors d'une matinée de travail de son parti consacrée aux institutions, a réaffirmé ses convictions. Au grand dam d'une partie de sa propre famille politique.

Un référendum en 2017.L'ancien chef de l'État souhaite en effet organiser un référendum juste après les législatives de 2017 pour supprimer le projet de loi socialiste, voté pendant le quinquennat de François Hollande, qui empêche les élus d'exercer à la fois un mandat parlementaire et un mandat exécutif au niveau local.

Nicolas Sarkozy met en avant deux raisons principales pour justifier son choix : d'une part, la nécessité, pour les parlementaires, d'un "enracinement dans leur territoire". D'autre part, sa volonté de limiter le nombre d'élus. "Avec le mandat unique, on augmente de 30 à 40% le nombre de membres de la classe politique, alors que je pense qu'il faut la réduire", a-t-il lancé mercredi.

"Totalement désespérant". Mais les arguments sont loin de faire mouche auprès de tous les Républicains. Si la droite n'est pas connue pour ses prises de position en faveur du non-cumul, certains ont pourtant fini par s'y convertir, et donnent de la voix pour contrer Nicolas Sarkozy. Ainsi, Bruno Le Maire, chantre du non-cumul (mais qui avait tout de même voté contre le projet de loi socialiste), qui a jugé mercredi la proposition de l'ancien président "totalement désespérante".

 Le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, n'y est pas non plus allé de main morte, jeudi. "C'est un truc pour plaire aux élus", a-t-il lancé sur BFM TV. "Tous ceux qui sont pour le cumul des mandats sont à côté de la plaque." Nathalie Kosciusko-Morizet, également candidate à la primaire à droite, a, elle aussi, été très claire. "Je ne veux pas qu'on revienne" sur la loi, a-t-elle déclaré mercredi sur LCP. "Je crois que des propositions qui sont faites aujourd'hui d'aller faire des référendums en même temps que le deuxième tour des élections législatives sont absolument toxiques."

"Un message détestable". Du côté des juppéistes aussi, supprimer le non-cumul des mandats passe mal. "Un gouvernement dont le premier acte législatif serait de revenir sur l'interdiction du cumul des mandats prendrait un risque politique considérable", a estimé Edouard Philippe, porte-parole d'Alain Juppé, sur LCP. Il pense d'ailleurs que Nicolas Sarkozy n'ira pas au bout de cette idée. "Il enverrait un message détestable, et détesté, à la population française. Donc je n'y crois pas une seconde."

Le député de Seine-Maritime a probablement en tête le résultat des derniers sondages sur le sujet. Une enquête Odoxa publiée en janvier dernier montrait que 77% des Français considèrent qu'appliquer le non-cumul est "prioritaire pour favoriser le renouvellement en politique".