Yade, la valse-hésitation en quatre temps

Après un long (faux) suspense, Rama Yade va soutenir, comme en 2007, Nicolas Sarkozy.
Après un long (faux) suspense, Rama Yade va soutenir, comme en 2007, Nicolas Sarkozy. © REUTERS
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L'ex-secrétaire d'Etat va finalement soutenir Nicolas Sarkozy, après plusieurs hésitations.

Tout ça pour ça. Depuis plusieurs semaines, Rama Yade entretient le suspense sur son positionnement lors de l’élection présidentielle. En janvier, elle indiquait qu’elle hésitait à se rallier à François Bayrou. En mars, elle affirmait qu’elle ne soutiendrait pas Nicolas Sarkozy, dont la campagne trop à droite n’était pas à son goût. Mais vendredi, RTL révèle que l’ex-secrétaire d’Etat aux Sports va officialiser son ralliement au président sortant, qu'elle soutenait de toutes ses forces en 2007. Le journaliste d'ITélé Mickaël Darmon a affirmé plus tard qu'elle serait au meeting de Nicolas Sarkozy samedi à Versailles. Retour sur une valse-hésitation en quatre actes.

Acte I, 20 décembre 2011 : "pas de ralliement automatique"

Cela fait désormais plus de deux mois que Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, auquel appartient Rama Yade, a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle. Si son ralliement à Nicolas Sarkozy ne fait guère de doute, lui qui a été son ministre de l’Ecologie, Rama Yade jure que non. "Il n'y a pas de ralliement automatique, il y a une indépendance raisonnée", lance-t-elle le 20 décembre sur Europe 1. "La politique, c'est pas le PMU. Attendons de voir le projet de Nicolas Sarkozy".

Et puis Rama Yade a alors d’autres soucis en tête. Cinq jours plus tôt, elle avait été radiée des listes électorales de Colombes, pour défaut de domiciliation. Un brin gênant pour celle qui est pourtant conseillère municipale de cette ville des Hauts-de-Seine. Un brin gênant aussi pour sa future candidature aux législatives dans la circonscription d'Asnières/Colombes-sud. Pour sa défense, la jeune femme dénonce dans leJDD.fr  une "cabale" fomentée par le maire socialiste de Colombe, Philippe Sarre, et Manuel Aeschlimann, député UMP dans la circonscription qu’elle brigue.

Acte II, 24 janvier 2012 : la tentation Bayrou

"Tout est ouvert. Pourquoi s'empêcher de réfléchir au projet d'autres candidats... " Ainsi s’exprime Rama Yade le 24 janvier dans Le Figaro. La jeune femme brandit là la menace d’un soutien à François Bayrou. "J'avais un candidat de coeur, Jean-Louis Borloo. Maintenant, il s'est retiré pour des raisons que je comprends. Je cherche dans le paysage de droite et du centre celui que je peux soutenir", insiste ensuite Rama Yade, qui renchérit : "avec Bayrou, nous avons des points communs, la posture d'indépendance."

Hasard du calendrier (ou pas), la justice avait confirmé la veille sa radiation des listes de Colombes. Et l’affaire lui est clairement restée en travers de la gorge, si bien qu’à propos de Nicolas Sarkozy, dans la même interview au Figaro, elle déclare : "Je ne peux pas soutenir un candidat qui soutiendrait les méthodes que j'ai rencontrées dans les Hauts-de-Seine" où, selon elle, sévit une "voyoucratie". "Je vis au quotidien l'existence d'un système UMPS", assène-t-elle.

Acte III, mars 2012 : le flou Villepinte

Le week-end des 10-11 mars est l’occasion de deux événements d’ampleur inégale : le congrès du Parti radical et le méga-meeting de Nicolas Sarkozy à Villepinte. Les troupes de Jean-Louis Borloo doivent décider samedi si elles soutiennent le président sortant, qui doit s’exprimer dimanche. Avant même le vote de son parti, Rama Yade met la pression. La jeune femme annonce dans Le Mondequ’elle ne soutiendrait pas la motion de soutien à Nicolas Sarkozy qui doit être présentée. "Je ne le soutiens pas  dans sa stratégie de droitisation qui ne fera pas reculer le FN", explique-t-elle. "Ce n'est pas parce que Jean-Louis Borloo n'est pas candidat qu'il me faut en choisir un autre."

Finalement, le Parti radical vote un "soutien vigilant" au président sortant, et aucun ténor ne se rend à Villepinte. C’est une demi-victoire pour Rama Yade, contrainte tout de même de rétropédaler. "Nous appartenons à la grande famille de la droite et du centre", assure-t-elle le 13 mars sur Europe 1. "Nous avons le même objectif : faire gagner la majorité". L’ex-secrétaire d’Etat prévient tout de même qu’il faut que "certaines conditions soient remplies. Il faut éviter les lignes de fractures, les polémiques inutiles et dangereuses."

Acte IV, 31 mars 2012 : le ralliement ?

C’est samedi que Rama Yade doit officialiser son soutien au président sortant, selon RTL. L’inflexion centriste de la campagne de Nicolas Sarkozy n’a pourtant pas été, deux semaines après, flagrante. Mais, hasard du calendrier (ou pas), la jeune femme a obtenu de la justice, le 22 mars dernier, sa réinscription sur la listes électorales, non pas à Colombes, mais dans le 18e arrondissement de paris, où elle possède un appartement. La voilà donc débarrassée de ce petit souci, et donc prête à mener campagne. Ce sera finalement, et sans surprise, pour Nicolas Sarkozy. Mais après tant de déclarations contradictoires, ses explications sont attendues.

Contactée par Europe1.fr, le parti radical assure n'avoir "aucune information" sur les intentions de sa vice-présidente.