Voitures brûlées : un silence qui irrite

La décicion de Brice Hortefeux de taire le chiffre des voitures brûlées déclenche une polémique.
La décicion de Brice Hortefeux de taire le chiffre des voitures brûlées déclenche une polémique. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
La non-publication de chiffres pour la nuit de la Saint-Sylvestre déclenche une polémique.

Brice Hortefeux l’avait annoncé. Pas question de publier de chiffres de voitures brûlées pour la nuit de la Saint-Sylvestre. "J'ai pris la décision de mettre fin au concours, au palmarès", confirmait-il dans un communiqué, au matin du 1er janvier. "Il s'agit de mettre fin à cette tradition malsaine consistant à valoriser des actes criminels et le comportement de ceux qui incendient les voitures des honnêtes gens."

"Masquer la réalité et la vérité"

Cette décision a été vivement critiquée par l’opposition. "Sans surprise, le premier communiqué du ministère de l'Intérieur est minimaliste", déclarait samedi Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du PS chargé de la sécurité, en réclamant "un bilan transparent". "C'est très dangereux dans une démocratie que de donner le sentiment de masquer la réalité et la vérité. (...) Au nom de quoi le ministre de l'Intérieur décide de cacher les chiffres qui concernent le nombre de voitures brûlées?", renchérissait dimanche sur Europe 1 Manuel Valls, député-maire PS d'Evry.

Cette polémique agace les syndicats de policiers, qui y voient un débat purement politique. "Depuis des années, ces chiffres ont, plus ou moins, été présentés sous un jour favorable ou défavorable, selon les gouvernements", a soutenu Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie (second syndicat d'officiers de police). "Tout ça, ce sont des manips, ce n'est pas le plus important. On détient le record mondial de voitures brûlées. Il y a à peu près 100 voitures qui brûlent toutes les nuits en France, en moyenne (...), c'est vraiment le sport national".

 

A Strasbourg, c’est un élu de l'opposition de droite qui brise le silence. Le conseiller municipal et communautaire (UMP) de Strasbourg Jean-Emmanuel Robert assure que selon ses sources, 65 voitures auraient brûlé à Strasbourg.

53.820 policiers et gendarmes mobilisés

Nicolas Comte, secrétaire général d'Unité-SGP-police-FO (1er syndicat de gardiens de la paix), estime pour sa part que c'était "une erreur" de considérer les voitures brûlées "comme une espèce d'indicateur des violences urbaines. Lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy disait lui-même qu'il allait faire baisser ce chiffre." Ce comptage, dit-il, "n'avait pas de sens". Pour lui, "le plus important, c'est le niveau des forces de l'ordre qu'on est obligé de déployer pour maintenir un minimum d'ordre pendant la nuit de la Saint-Sylvestre...".

Pas moins de 53.820 policiers et gendarmes avaient été mobilisés pour la nuit du 31 décembre. Samedi, Brice Hortefeux a annoncé que 501 personnes avaient été interpellées (contre 405 en 2010) et s’est félicité que la nuit se soit déroulée "sans incident majeur". Les services de police ont toutefois fait état, depuis, de plusieurs faits divers: une femme danoise tuée par un chauffard à Paris, une jeune Russe enlevée et violée, un disc-jockey passé à tabac en Seine-Saint-Denis...