Un ancien candidat trop gay pour le FN ?

© Capture d'écran
  • Copié
, modifié à
Ex-candidat frontiste à Nancy, Pierre Ducarne est convoqué par la commission des conflits du parti pour avoir, selon la version officielle, "insulté un dirigeant du FN".

L’INFO. L’affaire fait mauvais genre. Après avoir récemment suspendu un de ses élus converti à l’islam - officiellement pour prosélytisme -, le Front national a cette fois convoqué son candidat aux dernières municipales à Nancy devant sa commission des conflits, mais aussi devant sa commission de discipline. Ce qui est reproché à Pierre Ducarne ? S’être affiché aux côtés d’une association homosexuelle et avoir insulté un cadre du FN, Bruno Gollnisch, qui s’en était ému sur son blog. Sauf que ce dernier, contacté mercredi par Europe1.fr, se ne souvient pas avoir été injurié…

>> 27 septembre

Ce jour là, Pierre Ducarne se rend à la fête des associations de Nancy. Le jeune homme, qui a raconté sa version des faits à l’Est républicain, passe saluer le collectif du Kreuji, qui représente la communauté homosexuelle, bi et transsexuelle. "Je n’ai fait que me rendre à une fête des associations et passer un moment avec des amis, dont mon ami, sur le stand du Kreuji", explique-t-il, "ce qui ne veut pas dire que je suis favorable à une maison LGBT. Et quand bien même je le serais, je n’ai pas à me justifier".

>> 3 octobre

RTXUJYG(1)

Une présence que Bruno Gollnisch (photo), eurodéputé FN proche de Jean-Marie Le Pen, n’apprécie que modérément. Il s’en émeut quelques jours plus tard sur son blog, estimant que l’ancien candidat frontiste à la mairie de Nancy "brouille singulièrement le message porté par notre mouvement et déboussole beaucoup de nos électeurs". Pour mémoire, la présidente du FN a rappelé récemment sa volonté d’abroger la loi sur le mariage pour tous en cas d’accession au pouvoir en 2017.

>> 6 octobre

Pierre Ducarne réagit trois jours plus tard et adresse un message à Bruno Gollnisch sur sa page Facebook :

Sans-titre-3

>> Semaine du 20 octobre

Philippot 640

Après cette joute verbale numérique, le jeune homme de 23 ans apprend la semaine dernière, par lettre recommandée, qu'il est convoqué le 27 novembre prochain devant la commission des conflits du FN pour avoir fait preuve de "communautarisme", mais aussi devant sa commission de discipline pour avoir "insulté un dirigeant du FN", sans donner plus de précisions. Contactés mercredi par Europe1.fr, Florian Philippot (photo), vice-président du Front national, et Bruno Bilde, conseiller spécial de Marine Le Pen, nous précisent l'un et l'autre que le dirigeant du FN visé par ces insultes est bien Bruno Gollnisch.

Ce serait donc le tweet, effacé depuis, où Pierre Ducarne lui demande "de respecter la vie d'autrui", qui lui serait reproché et aurait motivé sa convocation devant l'instance disciplinaire. Bruno Gollnisch lui-même, également joint par Europe1.fr, s'est contenté de répondre : "je ne sais pas si j'ai été insulté..."

>> Et aujourd’hui ?

"Ce n’est absolument pas pour son orientation sexuelle qu'il est convoqué, mais parce qu’il a insulté un dirigeant du FN. Chacun fait ce qu’il veut dans sa vie privée !", assure Florian Philippot, suivi par Bruno Bilde, qui oublient tous les deux que Pierre Ducarne est également censé se présenter devant l'autre commission, celle des conflits cette fois, pour "une attitude communautariste", comme précisé dans sa convocation.

Quelques heures après nos échanges avec ces deux cadres du mouvement, Pierre Ducarne a tenu à déminer l’affaire sur Twitter :

Puis mercredi en fin d'après-midi, Pierre Ducarne a finalement assuré à l’AFP "ne pas craindre d'être exclu". "De toute façon, je me suis mis en retrait du parti depuis plusieurs mois. Et si on doit m'exclure, on m'exclura", a-t-il conclu.

• Mise à jour du 31 octobre : Le Front national a annulé mercredi les menaces de sanction visant son ancienne tête de liste à Nancy. "Pierre Ducarne n'a pas, en tant que responsable du Front national, soutenu une association communautariste, ce qui aurait été contraire aux valeurs du parti. Il n'est pas un responsable du parti et c'était dans un cadre privé", a expliqué  Florian Philippot, vice-président du parti.  Le FN a également annoncé avoir "levé la suspension temporaire" de son élu récemment converti à l'islam.