UMP et PS composent avec le casse-tête centriste

  • Copié
Administrator User , modifié à
Rassembler sans se renier pour Nicolas Sarkozy, tendre la main sans rogner sur sa gauche pour Ségolène Royal : l'inconnue centriste pèse sur la campagne du candidat de l'UMP et de sa rivale socialiste, à la recherche de l'équation la plus efficace pour une victoire le 6 mai.

Les candidats du PS et de l'UMP sont face à une question cruciale pour le sort du deuxième tour de l'élection présidentielle : comment séduire les électeurs de François Bayrou sans contredire les discours qui ont précédé le premier tour ? Quand Nicolas Sarkozy refuse les "combinaisons d'appareils" en proposant un rassemblement à ses conditions, Ségolène Royal invite François Bayrou à "prendre ses responsabilités" en vue d'"un dialogue ouvert et public" sur le programme socialiste. La candidate socialiste a été sans détour mardi : elle veut que "les choses aillent vite", même si elle se défend de toute "pression" ou "ultimatum" envers le président de l'UDF, qui fera connaître ses intentions mercredi lors d'une conférence de presse à 15h30 dans un grand hôtel parisien. Ségolène Royal a décidé de multiplier les signaux en direction du pôle centriste, recevant mardi l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, qui a validé sa "démarche d'ouverture". Vendredi à Lyon, le président du Conseil italien Romano Prodi, autre figure du centre-gauche européen, participera à un meeting de la candidate socialiste. Durant la campagne, François Bayrou avait déclaré que son Premier ministre idéal serait un Jacques Delors "en plus jeune". Le candidat centriste a fédéré 6,8 millions de suffrages (18,57%) lors du premier tour de la présidentielle. Une manne précieuse pour Ségolène Royal, qui dispose d'un réservoir naturel de voix inférieur à 37%. Contraint à la neutralité s'il veut pérenniser sa stratégie "anti-système" et conforter son indépendance, François Bayrou devrait annoncer la création d'une grande formation du centre et inviter ses électeurs à reprendre leur liberté : certains pourraient choisir de rejoindre leur famille d'origine, droite ou gauche, d'autres de poursuivre sur la voie de l'iconoclasme en se livrant à un "tout sauf Royal" ou un "tout sauf Sarkozy" ou opter pour le bulletin blanc ou l'abstention. Les sondages réalisés depuis dimanche sur le report des voix bayrouistes offrent des prédictions contrastées. Selon une enquête Ipsos-Dell pour SFR et Le Point diffusée mardi, l'électorat de François Bayrou se reporterait davantage sur Ségolène Royal que sur Nicolas Sarkozy, dans une proportion de 38%-35%; 27% s'abstiendraient ou ne s'exprimeraient pas. A l'UMP, où l'on aime à souligner avec le candidat que "c'est le fort qui tend la main", on taxe la stratégie socialiste de "marchandage" et on fait valoir l'impossible "grand écart" de Ségolène Royal "entre François Bayrou et Olivier Besancenot". Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a souligné mardi à l'issue d'un déjeuner à Matignon avec Nicolas Sarkozy la "volonté" et l'"ambition" de rassemblement du candidat de l'UMP dans une démonstration d'unité soigneusement mise en scène. Pour Nicolas Sarkozy, "la formule, c'est pas de négociations d'appareils mais parler aux Français et aux élus", a résumé Bernard Accoyer, président du groupe UMP de l'Assemblée, à l'issue d'une réunion des parlementaires UMP avec le candidat. Sans négliger un soupçon de menace en vue des élections législatives des 10 et 17 juin, au fil de tractations qui ne disent pas leur nom. Frédéric Frangeul (avec Reuters)