Tsunami : la Cour des Comptes propose de réaffecter les dons

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Administrator User , modifié à
Qu'est devenu l'argent de la solidarité des Français pour les victimes du tsunami ? Deux ans après la catastrophe, la Cour des comptes publie deux rapports dans lesquels elle fait un constat mitigé. Elle souligne les "progrès" sur la manière d'aider mais exprime toutefois sa "préoccupation" sur la lenteur de l'emploi des dons et un manque d'informations. La Cour des Comptes se déclare favorable à une réaffectation des dons non utilisés, à condition que ce soit avec l'accord des donateurs.

240.000 morts, bilan terrible du tsunami le 26 décembre 2004. Le raz-de-marée avait détruit des milliers de villages sur les côtes du Sud-Est asiatique. Après cette catastrophe, les dons avaient afflué en masse, 323 millions d'euros pour les organismes d'aide. Pour savoir ce qu'est devenu cet argent, la Cour des comptes publie deux rapports. Un travail gigantesque, 24 magistrats mobilisés, 20 missions en Indonésie, au Sri Lanka et en Thaïlande. Résultat : pour la Cour, le constat est mitigé. Des "progrès" sur la manière d'aider, mais des "préoccupations" sur la lenteur de l'emploi, le manque d'informations, le financement d'opérations sans lien avec la catastrophe et des imprécisions comptables. 32 organismes ont été contrôlés, tels que la Croix-Rouge française, le Secours catholique, le Secours populaire, Médecins du monde ou encore Médecins sans frontières. Sur ces 32, 15 ont reçu un satisfecit. Les autres ne sont pas jugés "non conformes", mais font l'objet de "réserves" ou de "recommandations".Mais c'est surtout l'importance des dons inutilisés qui préoccupe la Cour des comptes. Notamment pour la Croix-Rouge française, qui n'avait utilisé fin 2006 que 40% des 113 millions d'euros récoltés. L'institution salue notamment l'attitude de Médecins sans frontières (MSF), qui a arrêté la collecte de fonds pour le tsunami dès qu'elle a jugé en avoir assez. Elle critique en revanche l'ONG soeur Médecins du Monde, qui a affecté à d'autres causes 3,65 millions d'euros de dons sans avertir les donateurs. Selon la Cour des Comptes, seuls 38% des 323 millions d'euros ont été utilisés pour des actions en faveur des victimes du tsunami. Les frais de collecte et de fonctionnement ont représenté 5% des dons et les sommes réaffectées à d'autres causes 6%. Pour la Cour, ces faibles taux de consommation des fonds "ne sont pas anormaux", compte tenu notamment du temps nécessaire au montage de projets de reconstruction. En conclusion, la Cour des comptes ne verrait "aucun inconvénient à une réaffectation partielle des dons" non employés. Une condition : informer les donateurs. "Les réaffectations, si elles se font dans la transparence, sont à encourager", selon Philippe Seguin, le premier président la Cour des comptes. Des associations interrogées à la mi-2006 présentaient des calendriers prévisionnels de dépenses sur quatre ou cinq ans, a-t-il souligné, pour qui c'est "plutôt rassurant".