Stuart O'Grady dompte les pavés de Paris-Roubaix

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Administrator User , modifié à
L'Australien Stuart O'Grady, de la formation CSC, a remporté en solitaire la 105e édition de la classique cycliste Paris-Roubaix, courue sur 259,5 km. C'est le premier non-européen a remporté cette grande classique. La course s'est déroulée dans des conditions éprouvantes pour les coureurs en raison de la chaleur et des nuages de poussière qui ont accompagné leur progression sur les pavés du Nord.

Paris-Roubaix avec ses pavés et sa poussière a une nouvelle fois fait honneur à sa réputation. Stuart O'Grady (CSC) a surpris tous les favoris et a fait jouer à plein son expérience pour devenir à 33 ans le premier Australien et le premier non-européen à remporter cette classique des classiques. Au terme d'une course harassante courue par un temps estival, l'Espagnol Juan-Antonio Flecha (Rabobank) a pris la deuxième place devant l'Allemand Steffen Wesemann (Wiesenhof-Felt). L'un des favoris de la course, Tom Boonen a terminé sixième. Vainqueur l'an dernier, Fabian Cancellara a lâché pris à trente kilomètres de l'arrivée. Le Paris-Roubaix de Stuart O'Grady restera celui d'une grosse échappée de 34 coureurs, déclenchée dans la plaine picarde. La classique nordiste n'avait pas connu pareil début de course depuis 1988 et la victoire très surprenante du Flamand Dirk De Mol. La course n'en était qu'au 38e kilomètre. L'écart avec le peloton a culminé à 4'45" après le franchissement des trois premiers secteurs pavés. S'il n'y avait pas encore le feu, il était temps de réagir. Tom Boonen a été le plus fort tout au long de cette journée avec Steffen Wesemann. Bien sortis de la trouée de Wallers-Aremberg, ils sont revenus à moins de deux minutes des hommes de tête mais ont payé cash leur débauche d'énergie dans ce seul secteur. Tom Boonen a été noyé dans une course très stratégique. Il est revenu de groupe en groupe dans la dernière heure pour venir mourir à quinze mètres de la deuxième place. Tout comme le vainqueur des Flandres, Alessandro Ballan, a été débordé à 30 km de l'arrivée. Le Suisse Fabian Cancellara (CSC) a été contraint de mettre pied à terre dans ce même secteur et a dû faire un effort rédhibitoire. "Moi aussi j'ai crevé dans ce secteur. J'ai fait un kilomètre avec un pneu à plat, j'ai perdu 50 secondes et bien cru que tout était foutu", a rappelé O'Grady. "J'ai vu revenir plusieurs de mes équipiers, j'en ai profité pour souffler et me refaire un peu. A 25 kilomètres de l'arrivée, j'ai demandé à Cancellara comment il était. Il n'a pas eu le temps de finir sa phrase, de me dire qu'il n'était pas au mieux, j'ai attaqué." L'Australien, qui avait décidé de venir en Europe pour essayer de gagner Paris-Roubaix après avoir visionné une cassette vidéo à 13 ans, ne pouvait plus perdre. Transporté par son rêve, exalté par la perspective de finir seul sur le vélodrome, appliqué dans son effort, il a connu le plus beau jour de sa vie de coureur sur route. "Mon grand rêve a toujours été le titre olympique, obtenu en 2004 à Athènes, avec Graeme Brown dans l'Américaine", a-t-il dit. "Paris-Roubaix n'est pas aussi grand que les Jeux Olympiques mais c'est quand même géant d'entrer seul sur le vélodrome." Sur la piste, une avance d'une minute sur ses premiers poursuivants lui a laissé le temps de savourer, de serrer le poing, puis de finir en roue libre, les bras levés sous l'ovation toujours émouvante du public.