"Strauss-Kahn joue sa peau de citoyen"

La nouvelle de l'inculpation du président du FMI a surpris, dimanche matin.
La nouvelle de l'inculpation du président du FMI a surpris, dimanche matin.
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avec la rédaction d'Europe 1 et agences , modifié à
REACTIONS - La nouvelle de l'inculpation du président du FMI a surpris, dimanche matin.

L'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle aux Etats-Unis a sidéré la classe politique française, qui souligne dimanche la présomption d'innocence due au patron du FMI tout en s'inquiétant des probables dégâts politiques et personnels de cette affaire.

"Terrible nouvelle" dit Hollande

L'inculpation pour agression sexuelle aux Etats-Unis du patron du FMI Dominique Strauss-Kahn représente une "terrible nouvelle", a déclaré dimanche sur Canal+ François Hollande, qui a appelé à "la retenue". Interrogé sur les conséquences de cette inculpation sur la présidentielle française, il a répondu: "il est trop tôt pour le dire"."Plus tôt la justice interviendra, plus tôt ce sera mieux pour lui et pour l'institution qu'il représente et pour nous tous", a encore dit le candidat à la primaire socialiste.

"Les nouvelles qui nous parviennent de New York depuis cette nuit sonnent à l'évidence comme un coup de tonnerre. Je suis moi-même, comme tout le monde, totalement stupéfaite", a déclaré la première secrétaire Martine Aubry à Lille lors d'une courte déclaration devant quelques journalistes.

"Je suis totalement stupéfaite" :

Ségolène Royal a appelé à la prudence et au respect de la présomption d'innocence face à "une nouvelle bouleversante à propos de laquelle tout reste à vérifier". "Cet homme doit être respecté, sa famille doit être respectée", a-t-elle souligné sur Europe 1. "Je ne veux pas instrumentaliser ce qui vient de se passer".

"C'est évidemment un choc terrible", a déclaré Jean-Marie Le Guen, porte-parole et plus proche collaborateur de Dominique Strauss-Kahn, dimanche matin sur Europe 1, au sujet de l'inculpation du président du FMI pour tentative de viol . "Mais tant que je n'aurai pas entendu le point de vue de Dominique Strauss-Kahn, je regarderai les faits mais je ne tirerai pas de conclusion hâtive", a-t-il souligné. "Je pense qu'encore une fois, les processus démocratiques font qu'on doit pouvoir entendre les différentes parties. Mais en aucune façon, cet épisode ne ressemble au Dominique Strauss-Kahn que l'on connaît", a-t-il poursuivi, précisant que "je pense qu'il y a besoin d'avoir un peu de distance et surtout d'entendre le point de vue personnel de DSK".

"Je ne tirerai pas de conclusion hâtive" :

"Un homme peu recommandable" dit Debré

Certains, à droite, n'ont pas hésité à lancer de violentes accusations. Pour Bernard Debré, député UMP de Paris, DSK est "un homme peu recommandable". "C'est humilier la France que d'avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe et ça se sait depuis fort longtemps", a-t-il déclaré sur Europe 1, dimanche matin. "Il est totalement déconsidéré, déjà il se vautrait dans le bling-bling, on l'avait vu dans les journaux, maintenant il se vautre dans le sexe, c'est inacceptable", a-t-il ajouté.

"Bien sûr, il y a la présomption d’innocence, mais bon quand même, vous croyez que la police serait venue le chercher dans l’avion d’Air France, un homme comme lui ? Je trouve cela misérable et humiliant pour notre pays", a-t-il estimé, ajoutant que la course à la présidence "est terminée".

"Ca va coûter cher à la classe politique française, il aura causé un tort énorme à la classe politique" :

Dominique Paillé, ancien porte-parole adjoint de l'UMP et vice-président du Parti radical, a qualifié la nouvelle d'"hallucinante". "Si cela était avéré, ça serait un moment historique mais dans le sens négatif du terme pour la vie politique française parce que ça voudrait dire que des candidats potentiels à la magistrature suprême ne pourraient en aucune circonstance tenir leurs pulsions", a-t-il dit sur BFM TV. "Vous imaginez bien les dégâts que cela pourrait provoquer".

Bernard Tapie, lui, a déclaré en fin de journée sur Europe 1 : "La présidentielle n’est pas le problème de Dominique Strauss-Kahn. Il joue sa peau de citoyens (…) La question, c’est 'est-ce que ça va être un citoyen libre et heureux ?'". Selon lui, le discours à gauche devrait changer. "Le match a changé, et ça va être difficile pour la gauche de continuer à faire la morale", a-t-il ainsi estimé.

"Il faut être d'une extraordinaire prudence", dit Baroin

Il faut "être d'une extraordinaire prudence dans l'expression, dans l'analyse, dans les commentaires et dans les conséquences", a dit le porte-parole du gouvernement, François Baroin, sur France 2, face aux accusations visant DSK. "La position du gouvernement français respecte deux principes simples : celui d'une procédure judiciaire en cours sous l'autorité de la justice américaine (...) et puis le respect de la présomption d'innocence", a-t-il déclaré.

"Les choses vont changer", a, de son côté, estimé, sur Europe 1, Jacques Attali, président de PlaNet Finance. "La situation politique internationale va changer. Le Fonds monétaire international va devoir au moins avoir un directeur général intérimaire et je ne pense pas, sauf manipulation dans cette affaire, que DSK soit candidat à la présidentielle", a estimé l’ancien conseiller de François Mitterrand.

"Je pense qu'on lui a tendu un piège", dit Boutin

"Je pense que vraisemblablement on a tendu un piège à Dominique Strauss-Kahn et qu'il y est tombé. C'est une véritable bombe politique pour la politique intérieure mais aussi sur le plan international. Il peut y avoir beaucoup beaucoup d'origines à ce piège. Ça peut venir du FMI, ça peut venir de la droite française, ça peut venir de la gauche française. Mais si c'est le cas, jouer avec l'image de la France comme cela n'est pas acceptable", a souligné Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate.

Toutefois, la thèse du complot est loin d'être dans l'esprit de Henri de Raincourt, le ministre de la coopération. "Le piège, on ne peut pas ne pas y penser" a-t-il ainsi déclaré lors de l'émission TV5-RFI-Le Monde.