Roms : la charge de Duflot contre Valls

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VIDEO - La ministre du Logement estime que Manuel Valls est allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain".

L'INFO. Cécile Duflot a décidé de frapper fort. Après les propos controversés de Manuel Valls sur la gestion des Roms, lundi, certains ministres avaient fait savoir à François Hollande leur exaspération, mais en toute discrétion. La ministre du Logement a, elle, choisi de dire sur la place publique que son collègue de l’Intérieur est allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain". Une petite bombe.

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Une sortie médiatique calculée. C’est auprès des siens, en confiance, que Cécile Duflot a enlevé "sa muselière". En marge des journées parlementaires d'Europe Ecologie-Les Verts, l’ancienne patronne des écolos a lâché les chiens. Opposée - discrètement  - à Manuel Valls depuis le début du mandat de François Hollande, elle a cette fois laissé éclater sa colère au grand jour, elle qui s’était contentée d’un simple tweet, lundi dernier. Cette fois, elle y va, et elle ne fait pas semblant.

Valls "est au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain". Un peu d'histoire, d'abord. "Quand, tous, nous avons dit que le discours de Grenoble" de 2010 de Nicolas Sarkozy réclamant de démanteler les campements illégaux de Roms "est un scandale absolu, nous ne pouvons pas tenter de, ou envisager, ou laisser penser que nous pourrons utiliser les mêmes méthodes", a-t-elle assuré, avant de se lâcher encore un peu plus : "on ne peut pas dire qu’il y a des catégories de population [dont] l’origine justifierait qu’elles ne puissent pas s’intégrer et que leurs pratiques et leur mode de vie soient un dérangement pour leurs voisins. Parce que quand on dit ça, on est au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain. Je le dis parce que c’est la vérité", a-t-elle lâché devant un auditoire conquis.

Une "vérité" violente. "Pacte républicain", l'expression est en effet généralement utilisée pour parler du Front national, accusé de ne pas en faire partie. Dans Libération déjà, certains l’auraient entendu qualifier Manuel Valls de "fasciste" après le conseil des ministres de mercredi. Mais cette fois, c’est devant les micros et caméras que Cécile Duflot s'est exprimée, et rien n’est innocent.

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Elle en appelle à Hollande. Fine tacticienne, Cécile Duflot sait qu’elle n’est pas toute seule dans ce qui commence à ressembler de plus en plus à une coalition anti-Valls, où se retrouveraient autour d’une table Christiane Taubira, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Pascal Canfin. Le ministre de l’Intérieur agace chaque jour un peu plus ses collègues, qui ont décidé de monter au créneau. Cécile Duflot en appelle ainsi à "la responsabilité du président de la République".

Sauf que, comme l’a révélé jeudi Europe 1, François Hollande est exactement sur la même ligne que son ministre de l’Intérieur sur la gestion du dossier des Roms : "la majorité des Roms a vocation à être raccompagnée dans son pays d’origine", a-t-il assuré. Reste à savoir quelle sera sa position au sujet de Cécile Duflot, qui a clairement rompu la traditionnelle solidarité gouvernementale. Agacé, le président, en marge de son déplacement à Florange, s'est refusé à la moindre déclarations aux journalistes qui le pressaient de questions sur ce point. Interrogé sur cette sortie de sa ministre, Jean-Marc Ayrault a, lui, botté en touche : "je ne suis pas là pour commenter les phrases des uns et des autres".

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