Prime, apprentissage, Mistral : ce que François Hollande a annoncé

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Noémi Marois avec agences , modifié à
EN DIRECT - François Hollande, invité dimanche sur Canal+, a confirmé que les jeunes pourront bénéficier de la prime d'activité sans préciser cependant si les apprentis et les étudiants seront concernés. 

À l'approche de l'anniversaire de ses trois années au palais de l'Elysée, François Hollande était dimanche l'invité du "Supplément" de Canal+, une émission mêlant information et divertissement et qui attire des téléspectateurs plus jeunes que les autres émissions politiques.

En 2012, alors en pleine campagne présidentielle, François Hollande avait fait de la jeunesse sa priorité. Concrètement, depuis qu'il a accédé au pouvoir, le président a mis en place des contrats aidés, étendu le service civique et instauré sur une partie du territoire la garantie jeunes qui s'adressent aux décrocheurs. Mais dans un contexte économique difficile où la courbe du chômage n'a pas encore été inversée, la côte de popularité du président, elle, reste faible auprès des Français en général et auprès des jeunes en particulier. Le président a tenté dimanche de les reconquérir en annonçant de nouvelles mesures en faveur d'une relance économique. Il s'est aussi prononcé sur l'actualité internationale, sur le drame des migrants en mer Méditerranée mais aussi sur le dossier du Mistral. "La France n'est pas une nostalgie, c'est un avenir", a-t-il martelé. 

Une prime d'activité confirmée pour les moins de 25 ans. François Hollande veut mettre un "terme" au "doute" qui ronge le pays au sujet du chômage. Il a rappelé que la loi Macron en faveur de la croissance va être votée en mai au Sénat et que des mesures en faveur des entreprises qui investissent ont été décidées. Il a aussi annoncé que les aides allaient être redéployées pour faire "plus simple". La prime d'activité va se substituer à partir du 1er janvier 2016 à la prime pour l'emploi et au RSA-activité. 

Mais le président souhaite aussi encourager les personnes au chômage à reprendre le travail en élargissant la "prime d'activité". "Toutes les personnes qui sont dans les petits boulots, temps partiel, interim" auront "une prime supplémentaire pour que ce soit "avantageux de continuer à travailler". Cette mesure est inscrite dans la loi sur le travail qui sera présentée en Conseil des ministres mercredi. Le chef de l'Etat ne précise cependant pas si l'élargissement concernera les apprentis et les étudiants qui travaillent. François Hollande a souligné enfin que "les plus précaires sont souvent les plus jeunes", c'est pour cela qu'il a confirmé que les moins de 25 ans pourront bien bénéficier de cette prime.

Faire "disparaître" les risques liés au CDI. La grande majorité des contrats signés aujourd'hui en France sont des CDD. Pour le président, "il faut faire que les CDD puissent devenir plus rapidement des CDI et que les CDI puissent ne pas être regardés par les employeurs comme étant un risque". La loi Macron, en discussion au Sénat jusqu'au 7 mai, prévoit déjà des mesures en ce sens. Le président a précisé qu'"en cas de contentieux" pour se défaire d'un CDI, les prud'hommes, saisis, devront décider "en trois mois, six mois maximum" et que "les indemnités de licenciement seront fixées dans le cadre d'un barème". "Le risque" de prendre un CDI "disparaîtra", a estimé le président socialiste. 

Une "évaluation" des patrons. CICE, pacte de responsabilité... les entreprises sont encouragées par le gouvernement à relancer l'emploi. François Hollande a annoncé cependant que "c'est comme avec les élèves, on fera l'évaluation" des entreprises à "la fin de l'année". "Là où il y a eu des accords de branches signés, on maintiendra le dispositif et on peut même faire en sorte qu'il soit accéléré" et "là où ça n'a pas été fait, on regardera pourquoi et avec les conséquences qu'il faudra en tirer", a-t-il précisé.

Favoriser l'apprentissage. Alors qu'il a encore reculé en 2014, François Hollande veut continuer à soutenir l'apprentissage. "Les employeurs ne paieront plus rien sur l'emploi d'un apprenti lorsqu'il est mineur à partir de la rentrée scolaire prochaine", a-t-il annoncé. Pour rendre l'apprentissage plus attractif, le gouvernement avait déjà lancé, à la rentrée 2014, une campagne de promotion et un nouveau régime d'aides aux entreprises. Depuis le 1er septembre, les entreprises de moins de 250 salariés ont en effet droit à une nouvelle prime de 1.000 euros minimum pour tout apprenti supplémentaire.

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Le "compte personnel d’activité", "grande réforme sociale". La grande réforme sociale du quinquennat selon le président de la République sera le "compte personnel d'activité" qui permet à chacun d'accumuler des "crédits de formation" utilisables à tout moment. Annoncé le 3 avril dernier, ce compte a été confirmé le 8 avril par le Premier ministre, Manuel Valls. Il regroupera les différents comptes existants (pénibilité, formation, compte épargne-temps) et les salariés pourront le conserver tout au long de leur carrière.

Ceux qui sont rentrés tôt dans leur vie professionnelle partiront avec "un capital de départ". Ceux qui sont dans des secteurs dits "pénibles" auront des droits supplémentaires, a annoncé le président. "Ça leur permettra d'avoir de la liberté, de la protection et des moyens de vivre et de réussir leurs parcours de vie", a résumé le chef de l'Etat.

Projet de loi sur le renseignement, le Conseil constitutionnel bientôt saisi. Ce texte, décrié par certains, est soutenu par François Hollande. "Personne ne pourra écouter des conversations" sauf autorisation d'"une commission où il y aura des parlementaires, des magistrats, des personnes de la Cour de Cassation", explique le président. Mais pour plus de "garantie" sur la conformité de ce texte à la "loi fondamentale", il a expliqué qu'il saisira le Conseil constitutionnel sur ce projet de loi à l'issue des débats à l'Assemblée et au Sénat.

"Une dose de proportionnelle" en 2016. François Hollande a affirmé que l'introduction d'une dose de proportionnelle, qui fait "partie des discussions sur les institutions" se ferait "dans l'année 2016 si on doit faire des changements d'institutions". "J'y suis prêt", a-t-il assuré, évoquant aussi "la lenteur du Parlement".

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Le Mistral, vers une sortie de crise ? Dans l'affaire du navire Mistral qui envenime les relations franco-russes, sur fond de crise ukrainienne, le président a déclaré que "nous sommes en train de négocier pour trouver une solution de sortie de crise". "On verra si on en discute vendredi", quand il se rendra en Arménie pour la commémoration du génocide, comme son homologue russe Vladimir Poutine.

La France a suspendu l'an dernier pour une durée indéterminée la livraison du premier des deux bâtiments de projection et de commandement commandés par la Russie dans le cadre d'un contrat de 1,2 milliard d'euros.

Les passeurs, des "terroristes". Le président François Hollande a qualifié  le nouveau naufrage d'un chalutier avec quelque 700 migrants, au large de la Libyen de "pire catastrophe de ces dernières années en Méditerranée" et demandé "le renforcement du nombre de bateaux" de surveillance de l'opération Triton. Évoquant une "catastrophe terrible", le chef de l'Etat a qualifié les passeurs impliqués dans ces tragédies de "terroristes". Il a aussi demandé une réunion d'urgence européenne des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères. 

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