Papon sera enterré mercredi ou jeudi avec sa Légion d'honneur

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Administrator User , modifié à
Maurice Papon, décédé samedi à 96 ans, sera enterré mercredi ou jeudi prochain au cimetière de Gretz-Armainvilliers en Seine-et-Marne où repose déjà son épouse. Ses proches ont fait savoir qu'ils ont l'intention de l'inhumer avec la Légion d'honneur retirée après sa condamnation au titre de la déportation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Le PS et l'UMP se sont exprimés contre cette volonté.

Même mort, Maurice Papon déclenche la polémique. La gauche comme la droite ont qualifié dimanche de "provocation" l'annonce par son avocat, Me Francis Vuillemin, de son inhumation avec la croix de Commandeur de la Légion d'honneur, remise par Charles de Gaulle quand Maurice Papon était préfet de police de Paris entre 1958 et 1967. Ce matin, Me Vuillemin, qui avait annoncé qu'il veillerait "personnellement" à cette mesure, a expliqué qu'il maintenait ce projet, qui n'a selon lui rien d'illégal. "Le délit de port illégal de décoration ne se conçoit que dans un lieu public. Le cercueil est le lieu le plus privé qui puisse être et un cadavre n'est plus un sujet de droit, il n'y a donc pas d'infraction", a dit l'avocat. "Maurice Papon m'a toujours dit qu'il porterait sa décoration jusqu'à sa dernière demeure. Je considère donc que je fais respecter sa volonté tacite", a-t-il ajouté. Le PS et l'UMP se sont exprimés dimanche contre l'inhumation de Maurice Papon avec la Légion d'honneur. "Le Parti Socialiste considère qu'inhumer Maurice Papon avec ses insignes de commandeur de la Légion d'Honneur serait un geste blessant et déplacé à l'égard des victimes et familles de victimes de la déportation", déclare le PS dans un communiqué. Pour Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, "il est tout à fait choquant, d'une part parce que la justice s'est prononcée et d'autre part, compte tenu de ce qui est reproché - et qui est toujours aussi inqualifiable - à Maurice Papon, que son avocat annonce cette intention", a-t-il déclaré. Il a laissé entendre que le président de la République devait intervenir formellement pour empêcher la chose. Michèle Alliot-Marie a estimé dimanche sur Europe 1 que Maurice Papon n'était plus commandeur de la Légion d'honneur, sans pour autant demander un contrôle visant à éviter qu'il soit enterré avec cette distinction. "Tout ceci me met assez mal à l'aise", a déclaré la ministre de la Défense. "Je considère que la mort, c'est une question vraiment privée. Ce type de polémique ne me paraît pas satisfaisant." De son côté, Jean-Marie Le Pen s'est montré plutôt favorable à la requête de l'avocat de Maurice Papon. "Il me paraît que les décorations qu'on a gagnées, qu'on a méritées, je ne vois pas ce qui pourrait vous empêcher, surtout quand on est mort... Ce serait un geste vraiment petit, vraiment bas que d'empêcher la famille de Maurice Papon de lui rendre ce dernier hommage", a déclaré le président du Front national. L'ancien fonctionnaire de Vichy, mort samedi dans une clinique de Seine-et-Marne à 96 ans, avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité en 1998 et il a purgé trois ans de prison avant d'être libéré en 2002 pour raisons de santé. Il a toujours nié toute responsabilité. Sa condamnation criminelle a entraîné la déchéance automatique de son titre honorifique, au rejet de son pourvoi en cassation, en 1999. Après la publication d'une photo dans Le Point où on le voyait porter sa Légion d'honneur, en 2004, il avait été condamné à 2.500 euros d'amende pour port illégal de cette décoration. L'ordre de la Légion d'honneur a été créé le 19 mai 1802 par Napoléon, pour créer "un corps d'élite destiné à réunir le courage des militaires aux talents des civils, formant ainsi la base d'une nouvelle société au service de la Nation", disent les textes officiels de la Grande chancellerie de la Légion.