Nourriture, voyages : les dépenses de l'Elysée au crible

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Cour des comptes a rendu public le budget de l’Elysée pour l’année 2008, et suggéré des économies.

Bien, mais peut mieux faire. Tout en saluant "l’action entreprise pour rendre la gestion de la Présidence plus rigoureuse", la Cour des comptes a soulevé une série de remarques concernant les dépenses de l'Elysée en 2008 et suggéré des économies, dans un rapport rendu public jeudi.

Des "petits achats effectués dans un supermarché proche de l’Elysée, plusieurs fois par semaine, pour 17.545€" en passant par le paiement en retard de factures EDF, voici les principaux "conseils" adressés par Philippe Seguin, le président de la juridiction, dans sa lettre, adressée à Nicolas Sarkozy.

L’intendance de l’Elysée.- 196.375€ ont été dépensés pour "les achats de boucherie", dont 70% ont été effectués "avec un seul fournisseur en compte avec la Présidence depuis 1969". La Cour révèle également que 250.000€ ont été consacrés aux "achats de fruits et légumes", 120.809€ aux dépenses de "crémerie", 275.000€ aux "achats de fleurs". Sur toutes ces dépenses, l’Elysée pourrait "négocier des remises plus importantes auprès des fournisseurs", note la Cour des comptes.

Les services de Philippe Seguin révèlent également que l’Elyséeest parfois en retard pour payer ses factures de gaz et d’électricité. La présidence a dû s’acquitter de "pénalités pour retard de paiement à hauteur de 2.580,23€ pour EDF et 504.07€ pour GDF", note la Cour des comptes.

Dernier point d’interrogation soulevé par la Cour : les "petits achats effectués dans un supermarché proche de l’Elysée, plusieurs fois par semaine, pour 17 545€", destinés "aux appartements privés."

La gestion des études.- La juridiction dirigée par Philippe Seguin s’interroge sur le contrat signé entre Claude Guéant, le directeur de cabinet de l’Elysée, et "un cabinet d’études", dont le nom n'est pas cité, pour un coût de 1,5 million d’euros.

Celui-ci est jugé "exorbitant au regard des règles de l’exécution de la dépense publique", d’autant que la présidence a payé un "Politoscope" 392.288 euros, alors que cette enquête a été publiée dans la presse, notamment par Le Figaro et LCI.

Les déplacements privés du président.- Lors de ses voyages privés, Nicolas Sarkozy voyage sur des avions de ligne, comme n’importe quel citoyen. Mais il doit être accompagné : un "chef de mission sécurité" et "un groupe de protection" - en clair, des gardes du corps – embarquent, comme le président sur ces vols commerciaux. S'ajoutent à la liste "un médecin", "un aide de camp", "un ou deux transmetteurs" …. Leurs billets, évidemment, sont pris en charge par le budget de l’Elysée.

Parallèlement, un appareil de l’Etat voyage, "à vide" et "stationne à proximité discrète" de la résidence du président, note la Cour, pour être en mesure de transporter Nicolas Sarkozy sur les lieux d’une crise.

La Cour des comptes formule une suggestion : que Nicolas Sarkozy emprunte l’avion officiel, mais en payant le billet sur ses deniers personnels, "sur la base des tarifs commerciaux". Interrogé par la Cour des comptes, l’Elysée assure que "la suggestion […] va faire l’objet d’une étude".

Les voyages publics.- Les voyages officiels du président ont coûté 14 millions d'euros en 2008, sans tenir compte des déplacements du second semestre, financés par le budget de la présidence française de l'Union. La Cour recommande des appels d'offre préalables et l'établissement de budgets prévisionnels. Remarquant que jusqu'à 300 personnes ont parfois accompagné le président, elle suggère d'augmenter la contribution des journalistes et d'en demander une aux grands patrons. Est aussi suggérée une "attention aux effectifs des délégations".

> La Cour des comptes révèle par ailleurs que Nicolas Sarkozy a remboursé à l'Elysée 14.123 € de dépenses privées payées par la présidence de la République en 2008