"Ne pas oublier les 225 enfants déportés"

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Administrator User , modifié à
Michel Slitinsky, le porte-parole des parties civiles au procès de Maurice Papon, a mis en avant la "responsabilité" de l'ancien fonctionnaire du régime de Vichy dans la déportation de 225 enfants, samedi après l'annonce de son décès. Il regrette que d'autres n'aient pas été poursuivis.

Il s'appelle Michel Slitinsky, il est aujourd'hui âgé de 82 ans et il était le porte-parole des parties civiles au procès de Maurice Papon. C'est lui qui a été à l'origine de la mise à disposition de la justice des premiers documents ayant permis de poursuivre l'ancien fonctionnaire du régime de Vichy. "C'est un événement auquel on était préparé. On gardera toujours en tête sa responsabilité à l'égard des familles qu'il a fait déporter. Un chiffre me vient en tête: 1.660 personnes dont 225 enfants partis dans les trains depuis Bordeaux", a-t-il déclaré. "On ne peut pas oublier les enfants. A leur égard, il aurait pu faire un geste, c'est à dire éviter de les jeter dans les bras des pourvoyeurs des camps et surtout faire glisser les listes au fond de ses tiroirs", a ajouté celui dont le père, le frère et la tante sont morts à Auschwitz, en Pologne.Lui-même n'a pas connu les camps : il avait réussi à échapper aux policiers français qui étaient venus l'arrêter dans la nuit du 19 octobre 1942. Il était ensuite entré dans la clandestinité, puis dans la résistance. Pour Michel Slitinsky, qui n'a eu de cesse de voir Maurice Papon condamné, "la cour d'assises a fait la démonstration qu'il avait pris des responsabilités très graves à l'égard d'une communauté. Il a prétendu qu'il n'était pas antisémite mais le résultat était le même. En définitive, il a voulu se dérober, il n'a pas reconnu le jugement et a voulu s'exonérer de tous les maux".Près de neuf ans après la condamnation de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Michel Slitinsky regrette que d'autres n'aient pas été poursuivis. "Si Papon a été poursuivi, souligne-t-il, on a laissé 44 autres haut fonctionnaires selon les archives allemandes qui ont fait le même travail que lui et ont été de fidèles collaborateurs des Allemands". "Moi, j'aurais souhaité qu'il y ait d'autres Slitinsky pour les poursuivre dans les autres villes de France", a-t-il dit.Pour Arno Klarsfeld, l'un des avocats des parties civiles pendant le procès, la mort de Maurice Papon est "une mort anecdotique". "Ce qui a compté, c'est sa condamnation par la Cour d'assises de Bordeaux". Juliette Benzazon, 77 ans et partie civile au procès pour douze membres de sa famille, gardera l'image d'un homme qui n'a pas voulu demander pardon et qui n'a eu aucun remords.