Moscovici : "Nicolas Sarkozy crée du trouble"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le député du Doubs a accusé dimanche sur Europe 1 Nicolas Sarkozy de "créer un trouble". Il a également condamné l’expulsion des Afghans vers Kaboul.

"Il n’y a pas de problème d’identité nationale en France". Pierre Moscovici a contesté dimanche sur Europe 1 la nécessité du débat lancé par Eric Besson. Son ancien camarade socialiste n’est d’ailleurs pas la cible privilégiée du député du Doubs. "Eric Besson est le petit télégraphiste, c’est l’exécutant, l’homme des basses œuvres", a-t-il asséné. "L’auteur, l’inspirateur, c’est Nicolas Sarkozy". Selon Pierre Moscovici, le président de la République "s’agite et créé un trouble. Car ce qui pose problème, c’est qu’un glissement qui se fait assez rapidement. Identité nationale immigration, musulmans… cette équation qui se constitue est à la racine d’un malaise français."

"Le débat sur l’identité nationale abîme la République, dégrade la France", a estimé Pierre Moscovici. "Quand on a créé ce ministère de l’’Immigration et de l’Identité nationale, on a joué sur des émotions assez basse. L’objectif, qui est le même que maintenant, c’était de récupérer l’électorat du Front national. Ce débat est une arme de guerre contre les immigrés."

Ecoutez cet extrait de l'interview de Pierre Moscovici :

Pierre Moscovici lie d’ailleurs la récente expulsion de neufs ressortissants afghans vers leur pays d’origine à l’identité nationale. "Nous avons un gouvernement, un président de la République qui ne respecte pas cette grande tradition de la France d’être une terre d’asile. Ce gouvernement qui parle tellement d’identité nationale s’assoit sur l’identité nationale quand il fait ces reconduites à la frontière", a-t-il affirmé. "C’est aberrant d’être soi-même engagé dans un conflit, de vouloir pacifier l’Afghanistan et de renvoyer des hommes vers le risque de la mort. Prétendre que Kaboul est une zone sécurisée, prétendre que là-bas ils vont trouver la sécurité, c’est un mensonge éhonté. C’est quelque chose d’absurde, de dangereux, de honteux pour la France."

Là encore, un ancien camarade socialiste est dans le viseur du député du Doubs. "Bernard Kouchner sait très bien qu’on envoie ces hommes à la mort, et pourtant il reste dans ce gouvernement, a-t-il regretté. Il émet des réserves, mais sur ce sujet, c’est un désaccord fondamental qu’il faut émettre. Le Bernard Kouchner que j’ai connu, l’homme de gauche, l’inventeur du droit d’ingérence, celui qui a été un pionner de l’humanitaire, ce Bernard Kouchner-là ne devrait pas supporter de cohabiter avec Eric Besson et cette politique de la honte.

Pierre Moscovici s’en est également pris à Nicolas Sarkozy sur la conférence de Copenhague. "Je crois qu'il a fait ce qu'il devait", a-t-il reconnu avant d’attaquer : "c'est toujours la même chose avec lui : trop de Sarkozy, trop de moi mis en avant, trop de mise en scène de son moi et pas assez d'Europe! (…) Au final, on a trop peu d'Europe, alors que ce qui fait la force de l'Europe c'est la gouvernance, c'est le fait que les Européens peuvent parler d'une seule voix et cette voix ne peut pas être sans arrêt celle de Nicolas Sarkozy." Sur l’échec de la conférence, le député du Doubs ne s’est pas voulu trop alarmiste. "Juste avant Copenhague, il y a eu une montée d’espoir qui n’était pas forcément fondée, a-t-il estimé. Du coup, on a haussé le niveau des objectifs. Echec il y a, mais c’est le succès qui aurait été inattendu."