Marie Ndiaye : Mitterrand refuse d’arbitrer la polémique

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Le ministre de la Culture a estimé que la question du "droit de réserve" des Goncourt n’était pas de son ressort.

Les lauréats du Prix Goncourt sont-ils soumis à un "droit de réserve" ? L’idée a été avancée en début de semaine par le député UMP Eric Raoult, qui s’est agacé des propos de la lauréate 2009, Marie Ndiaye, très critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Depuis, la polémique est vive. Mais le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a préféré rester en dehors.

"Je n'ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu'elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu'il a sur le coeur", a expliqué jeudi Frédéric Mitterrand. "Ça me regarde en tant que citoyen, ça ne me concerne pas en tant que ministre", a-t-il conclu. Marie Ndiaye en personne avait pourtant demandé au ministre de la Culture de trancher, rappelant qu’Eric Raoult avait relancé le débat mardi par une question écrite adressée précisément à Frédéric Mitterrand.

L'idée d'un "devoir de réserve" pour les écrivains a été vigoureusement rejetée mercredi par des membres de l'Académie Goncourt. "Le devoir de réserve des prix Goncourt n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais. Ce serait bien mal connaître les écrivains que de croire qu'il existe", a ironisé Bernard Pivot. Françoise Chandernagor a rappelé pour sa part que "le devoir de réserve n'existe en droit que pour les fonctionnaires".

Jean-Christophe Ruffin, ancien prix Goncourt, a également rappelé, mercredi sur Europe 1, la liberté d'expression des écrivains : "Le prix Goncourt, ce n’est pas les vœux perpétuels. On ne rentre pas dans les Ordres. On reste libre (...). Ce n’est pas une charge officielle. On peut dire ce que l’on pense avec le prix Goncourt", a estimé l'actuel ambassadeur de France au Sénégal.

Retour sur les faits : le 18 août dernier, Marie Ndiaye, qui n'était alors pas encore lauréate du prix Goncourt, avait jugé "monstrueuse" la France de Nicolas Sarkozy dans le magazine Les Inrockuptibles. Dans une interview accordée à Europe 1 avant la prise de position d'Eric Raoult et diffusée mercredi, la lauréate du Goncourt 2009 avait cependant mis un bémol à ses précédents propos sur "la France de Sarkozy" qu'elle avait qualifiés de "très excessifs".

Ségolène Royal a estimé jeudi que "dans une démocratie il doit être possible de critiquer le pouvoir en place". La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a quant à elle demandé à Eric Raoult de présenter ses "excuses" à Marie NDiaye, estimant que la "liberté d'expression" était en jeu.

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