Listes électorales : la campagne qui ne fait pas de bruit

Il reste dix jours pour s’inscrire sur les listes électorales et pouvoir voter aux municipales et aux européennes.
Il reste dix jours pour s’inscrire sur les listes électorales et pouvoir voter aux municipales et aux européennes. © MaxPPP
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Il reste 20 jours pour s’inscrire sur les listes électorales. La communication officielle reste discrète.

Le compte à rebours. Il reste vingt jours pour s’inscrire sur les listes électorales. Vingt jours pour avoir la possibilité, l'an prochain, d'exercer son droit de vote dans l’élection de nos prochains maires et députés européens. Mais encore faut-il être au courant. Sous la droite, le défaut de communication était régulièrement pointé du doigt. "La droite a joué la dépolitisation", avait même dénoncé, juste avant les européennes de 2004, l’actuel ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, dans Le Monde. Maintenant qu’elle est au pouvoir, la gauche fait-elle mieux ? "C’est une vraie déception, il n’y a pas de rupture. Il n’y a aucune communication", regrette auprès d'Europe1.fr Mehdi Bigaderne, du collectif ACLEFEU, qui milite notamment pour l’intégration des jeunes de cité dans la vie citoyenne.

>> N’y a-t-il vraiment aucune communication officielle ? Diffère-t-elle de celle de la droite ? Enquête.

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Si, si, il y a bien une campagne. Contacté par Europe1.fr, le ministère de l’Intérieur assure qu’une campagne de communication est en cours depuis novembre pour inciter les jeunes à s’inscrire. "Si vous n'êtes pas inscrit, vous ne  pourrez pas voter en 2014. Inscrivez-vous sur les listes électorales jusqu'au 31 décembre 2013", en est d’ailleurs le slogan (la plaquette est en ligne sur le site du ministère, ici). Pas moins de 100.000 affiches et tracts ont été diffusés aux préfectures, qui assurent le relais auprès des mairies, détaille le gouvernement. "Il leur a été demandé d'œuvrer auprès de la presse locale pour diffuser le message. Cette campagne est également sur 53 sites gouvernementaux, et fait l'objet d'un plan de taggage pour la communication web", poursuit-on Place Beauvau.

Par ailleurs, un dépliant sera envoyé aux préfectures en février, 3 millions d’exemplaires au total, pour expliquer les quelques règles qui ont changé par rapport aux dernières municipales. Contrairement à 2008 il sera par exemple impossible de voter pour quelqu’un qui ne s’est pas officiellement inscrit comme candidat.

"La gauche a beaucoup promis mais..." Pour certains acteurs de la vie publique, c’est encore loin d’être suffisant. "Il y a un peu d’information dans quelques villes mais c’est insuffisant", dénonce pour sa part ACLEFEU. "Nous avons sillonné les quatre coins de la France avec notre bus citoyen.  Il y a encore un vrai travail à faire. La gauche a promis beaucoup, mais dans les actes, cela reste très très faible", poursuit l’association. Et d’asséner : "ils ont critiqué beaucoup de choses sous la droite. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils font le contraire". Pourquoi le nouveau gouvernement ne se lance-t-il donc pas dans une vaste campagne, qui passerait par les radios ou télés, par exemple ? Est-ce une raison de coût ? Contacté par Europe1.fr, le ministère de l'Intérieur n'a pour le moment pas répondu à nos demandes de justification.

Que faisait la droite ? Depuis 2006, les campagnes d’inscriptions sur les listes électorales se limitent, comme cette année, à la diffusion de dépliants et de messages sur internet. Pour avoir une campagne "digne de ce nom", pour reprendre l’expression prononcée en 2011 par l’actuelle porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, il faut remonter à la dernière année du mandat de Jacques Chirac. À l’époque, comme le soulignait L’Express en 2011, près de 250 000 dépliants et de 30 000 affiches avaient été distribués rien que pour l’inscription sur les listes. Mais surtout, chose qui ne s’est jamais répétée depuis, un spot publicitaire avait été conçu, avec ce slogan: "ne laissez personne choisir à votre place". Il avait alors été diffusé dans tous les médias.

"Des publicités avaient aussi été diffusées sur la chaîne TV5 -plus de 450 fois entre le 16 novembre et le 31 décembre 2006- et sur les ondes de la radio RFI -dix passages par jour durant la deuxième moitié du mois de décembre- ciblant spécifiquement les 2 millions d'expatriés français", détaille le site de l’hebdomadaire. Mais il s’agissait alors d’une campagne présidentielle. Et Jean-Marie Le Pen était arrivé au second tour cinq ans plus tôt. Résultat : près de 1,4 million de personnes s'étaient inscrites pour la première fois sur les listes. À titre de comparaison, il y en avait près de 300.000 de moins en 2011, avant les dernières présidentielles. On saura en janvier prochain combien il y en a eu cette année.