Les politiques et la presse : le jeu du chat et de la souris

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Stéphanie de Silguy , modifié à
A l'image du cas Royal contre Paris-Match, examiné vendredi, hommes politiques et médias entretiennent une relation ambigüe.

Le tribunal de grande instance de Paris examine vendredi une nouvelle demande de dommages et intérêts de 50.000 euros de Ségolène Royal contre l'hebdomadaire Paris Match, qui avait diffusé dans son édition du 13-19 août des photos avec son compagnon.Un exemple parmi d'autresqui illustre la relation houleuse qu'entretiennent les hommes politiques et les médias.

"Je t’aime, moi non plus". C’est ainsi que l’on pourrait résumer la relation entre la presse et les hommes politiques. Tantôt ils la sollicitent pour véhiculer un message, tantôt ils l'attaquent. Et depuis cinq ans, ils s’y attèlent sans répit.

Objectif : contrôler leur image, "car ils savent ce qu’ils peuvent en tirer", analyse Jean-Marie Charon, spécialiste des médias, interrogé par Europe1.fr. Nicolas Sarkozy est ainsi le premier chef d’Etat à avoir porté plainte pour atteinte à sa vie privée. C’était contre le journal suisse le Matin, qui avait publié, sans son accord, en juillet 2005, divers articles relatifs à sa vie conjugale avec Cécilia. Il n’avait obtenu qu’un simple euro de dommages et intérêts car le journal s’était défendu en soulignant "que le couple avait toujours mis en avant sa vie privée".

Nicolas Sarkozy n’a certes pas gagné le jackpot mais il a lancé le mouvement. Depuis les exemples s’enchaînent. "On assiste à du chantage juridique", souligne Jean-Marie Charon. L’une des plus entraînée en la matière étant Ségolène Royal. Son cas "est typique de la volonté des hommes politiques de contrôler leurs images".Le jugement "des photos volées de Paris Match" où elle apparaît avec son compagnon André Hadjez sera rendu vendredi. C’est la quatrième fois que Ségolène Royal porte plainte pour atteinte à la vie privée.

"Elle est dans une passe difficile. Elle a toujours beaucoup joué avec les médias, elle continue dans sa lancée", décrypte Francis Ball, spécialiste des médias, interrogé par Europe1.fr, rappelant qu’ "elle avait notamment invité Paris Match et Gala lors de la naissance de ses enfants. Elle avait même présentée sa fille Flora, au 20 heures de France 2 en 1992".

 

Ces procédures sont dans l'ère du temps. Jamais, au cours des mandats de Chirac et Mitterrand, de telles procédures n’ont été engagées. "C’est une question de personnalité, de posture", explique Christophe Bigot, avocat spécialisé dans le droit de la presse, interrogé par europe1.fr et rejoint par Francis Balle: "A leur époque, la loi du silence régnait et il existait une entente tacite entre les médias et les hommes politique". C’est ainsi par exemple que le secret de Mazarine est resté gardé pendant 20 ans.

Une entente "brisée par tout le monde", selon Francis Balle, "aussi bien les journalistes que les politiques". En engageant de telles procédures, “les hommes politiques se tirent une balle dans le pied”.