Les mauvais calculs de Copé et Pécresse

Valérie Pécresse ont revendiqué des bilans en matière de budget. L'une a tout faux, l'autre s'est arrangé avec les chiffres.
Valérie Pécresse ont revendiqué des bilans en matière de budget. L'une a tout faux, l'autre s'est arrangé avec les chiffres. © REUTERS
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FACT CHECKING - Les ex-ministres du Budget vantent leur bilan en la matière. Europe1.fr a vérifié.

Valérie Pécresse et Jean-François Copé ont, parmi leurs points communs, celui d’avoir tous deux occupé le poste du ministre du Budget. Désormais opposés dans la guerre des chefs de l’UMP, Valérie Pécresse soutenant François Fillon, les deux anciens ministres ont aussi récemment défendu leur bilan lors de leur passage à Bercy. L’une affirme avoir été le seul ministre du Budget à avoir diminué les dépenses de l’Etat, alors que l’autre prétend être le seul, l’unique, à avoir fait baisser en même temps les dépenses, la dette, le déficit et les impôts. Europe1.fr a fait le calcul.

Pécresse a tout faux

Le Tweet. "Je garderai longtemps le titre de seul ministre depuis 45 à avoir fait baisser les dépenses de l'Etat d'une année sur l'autre, #budget2013", écrivait Valérie Pécresse le 5 octobre dernier, quelques jours après l’adoption par l’Assemblée du projet de budget 2013.

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Les faits. L’affirmation de Valérie Pécresse est erronnée, dans les grandes largeurs de surcroît. Certes, celle qui fut ministre du Budget entre le 29 juin 2011 et le 10 mai 2012 a bien accompagné une baisse des dépenses publiques de 2011 à 2012. Mais depuis 1980, ce n’était pas la première fois. Selon l’Insee, les dépenses de l’Etat avaient baissé entre 1997 et 1998, à l’époque où Christian Sautter occupait le poste. Idem entre 2005 et 2007 au moment où un certain… Jean-François Copé était ministre du Budget.

La revendication de Valérie Pécresse est encore plus inexacte si l’on raisonne à euros constants, c’est-à-dire en éliminant les effets de l’inflation. Dans ce cas, depuis 1980, les dépenses ont baissé, par rapport à l’année précédente, en 1994, 1995, 1998, 2000, 2003, 2006 et 2007. Soit sept années sur 20.

L'ex-ministre reprend en fait l’argumentaire de Nicolas Sarkozy pendant la campagne. Invité de l’émission Des paroles et des actes, sur France 2, le 6 mardi dernier, le président sortant avait affirmé : "c’est la première fois depuis 1945 que d’une année sur l’autre les dépenses de l’Etat vont reculer ". Une contre-vérité, donc.

Copé, en partie vrai

La phrase. "Je suis le dernier ministre du Budget à avoir baissé en même temps les dépenses, la dette, le déficit et les impôts", affirme le secrétaire général de ‘LUMP vendredi ans Les Echos.

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Les faits. Il faut sacrément jongler avec les chiffres pour valider la phrase de Jean-François Copé, qui a occupé le poste de ministre du Budget du 29 novembre 2004 au 15 mai 2007.

Certes, les dépenses de l’Etat, même à euros constants, a bel et bien baissé entre 2005 et 2007, de 386,4 milliards d’euros à 378,9 milliards, selon les chiffres de l’Insee. Certes encore, le taux de déficit a lui aussi baissé. De 3,6% du PIB en 2004 à 2,7% en 2007. Seul petit hic, ce taux a augmenté entre 2006 (2,3%) et 2007 (2,7%).

Concernant les impôts, tout dépend de quel prélèvement on parle. Les impôts nationaux ont bel et bien baissé, d’un total de 285,7 milliards d’euros en 2005 à 282,2 milliards en 2006 comme en 2007. Mais si l’on prend en compte les impôts locaux, les cotisations pour la sécurité sociale et les taxes européennes, le bilan est différent. De 752,7 milliards d’euros en 2005 à 793 milliards en 2006 et 818,6 milliards en 2007. Soit une hausse de près de 9%.

Enfin la dette. C’est probablement là où Jean-François Copé a usé du raccourci. Le secrétaire général de l’UMP raisonnait visiblement en termes de pourcentage. En la matière, il dit vrai. En pourcentage du PIB, la dette publique française est passée de 65,2% en 2004 à 64,2% en 2007. Mais en termes de valeurs, la donne est différente. Dans le même intervalle, la dette est en effet passée de 1.080 milliards à 1.212 milliards en 2007.