Les anonymes rendent hommage à l'abbé Pierre

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Administrator User , modifié à
Le fondateur du Mouvement Emmaüs et défenseur des déshérités est mort lundi à Paris à l'âge de 94 ans. Sa disparition suscite une vive émotion en France, jusqu'au sommet de l'Etat. 8.000 personnes se sont déplacées pour voir le cercueil fermé, exposé depuis mercredi matin dans la chapelle de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Un "hommage national" lui sera rendu vendredi, jour de ses funérailles à Notre-Dame de Paris. Il sera ensuite inhumé au cimetière d'Esteville en Seine-Maritime.

"C'est toute la France qui est touchée au coeur", a réagit lundi Jacques Chirac à l'annonce de la mort de l'abbé Pierre, fondateur des compagnons d'Emmaüs et défenseur des sans-abri. Et c'est toute la France qui va lui rendre hommage d'ici vendredi. Le cercueil fermé de l'abbé Pierre est exposé depuis mercredi matin et jusqu'à jeudi dans la chapelle de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Le public peut ainsi lui rendre hommage de 10 heures à 22 heures. Et ils sont nombreux à venir dire un dernier au revoir à l'abbé Pierre. Une queue d'une soixantaine de mètres s'est étirée devant la chapelle. Au total, ils ont été 8.000 à se déplacer. Emmaüs organisera lundi à partir de 19 heures un grand rassemblement au palais omnisports de Paris-Bercy. Anonymes, compagnons de route, politiques et personnalités sont attendus pour se recueillir et chanter "tout au long de la nuit si nécessaire". Un "hommage national" lui sera ensuite rendu vendredi, jour de ses funérailles à Notre-Dame de Paris, en présence du président Jacques Chirac et du gouvernement. Les drapeaux ne seront pas mis en berne, contrairement à la tradition, et à la demande de la famille. Valéry Giscard d'Estaing s'était prononcé pour des obsèques nationales. Laurent Fabius a, lui, souhaité qu'il entre au Panthéon. Après les funérailles à Notre-Dame-de-Paris, le président d'Emmaüs France, Martin Hirsh, a annoncé que l'abbé Pierre sera inhumé dans la plus stricte intimité à Esteville, en Seine Maritime, où le mouvement Emmaüs possède une "halte". Depuis l'annonce de la mort de l'abbé Pierre, les réactions émues se sont multipliées en France. Le fondateur du mouvement Emmaüs, de son vrai nom Henri Grouès, est mort lundi à 5h25 à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce, où il avait été admis le 14 janvier pour une bronchite. Une porte-parole d'Emmaüs France, créé par l'abbé Pierre en 1949, a précisé que cette bronchite avait dégénéré en une infection pulmonaire qui aurait entraîné son décès. Cet ardent défenseur des sans-abri avait longtemps été la personnalité préférée des Français, jusqu'à ce qu'il demande à ne plus figurer dans les enquêtes de popularité. Jacques Chirac s'est dit "bouleversé". La France "perd une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté", a déclaré le président de la République. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a salué "une force d'indignation capable de faire bouger les coeurs et les consciences". Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, a estimé que la loi instaurant un droit opposable au logement, examinée le 30 janvier au Sénat, était "la loi de l'abbé Pierre" et qu'elle devait porter son nom. "Le meilleur hommage qu'on pourra rendre à l'abbé Pierre, c'est de continuer", a déclaré le président d'Emmaüs France, Martin Hirsch. L'association des Enfants de Don Quichotte, qui a contraint le gouvernement à prendre des mesures d'urgence pour les mal-logés en établissant des campements à Paris et en province, a jugé qu'"il y a urgence à donner raison à l'abbé Pierre". Pour Bernard Kouchner, ex-ministre et fondateur de Médecins sans frontières, le prêtre à la barbe blanche et à l'éternelle soutane avait "inventé la loi du tapage" pour faire avancer la cause des déshérités.