"Les amis du oui" refusent l'idée d'un mini-traité

  • Copié
Administrator User , modifié à
Les 18 pays qui ont ratifié la Constitution européenne se sont réunis aujourd'hui à Madrid pour marquer leur volonté de préserver, voire de renforcer ce projet face aux velléités de changement de l'autre camp. L'Allemagne devrait présenter une esquisse de compromis en juin prochain et la négociation doit avoir lieu sous présidence française, fin 2008, le nouveau texte étant ratifié en 2009.

Les "amis de la Constitution", qui se sont réunis au niveau des ministres des Affaires européennes, ont voulu marquer leur légitimité face aux pays qui hésitent encore et ceux qui cherchent une solution de remplacement minimaliste. "Plus de 270 millions d'Européens ont ratifié cette Constitution qui est pour nous la meilleure solution", a déclaré le ministre espagnol des Affaires européennes, Alberto Navarro, en annonçant que 20 pays étaient sur la même ligne, le Portugal et l'Irlande ayant participé à la réunion. Il s'agit d'un message très clair à la France et aux Pays-Bas, qui ont dit "non" par référendum, mais aussi aux pays qui, comme le Royaume-Uni, la Pologne et la République tchèque, prônent un traité minimaliste. Copenhague et Stockholm l'approuvent, mais attendent d'y voir clair avant de ratifier.L'initiative prise par le Luxembourg et l'Espagne, les deux pays qui ont dit "oui" par référendum, les 16 autres l'ayant fait par voie parlementaire, a suscité la méfiance de leurs partenaires européens, qui ne veulent pas diviser au moment où la présidence allemande de l'UE essaye de sortir de l'impasse. "Mon souhait est que cela ne constitue une tentative de marginalisation de quiconque", a déclaré mercredi le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Dès l'annonce de cette réunion des ministres des Affaires européennes, en décembre dernier, la France et les Pays-Bas, qui ont rejeté la Constitution au printemps 2005 et plongé l'Europe dans la crise, avaient exprimé leurs réserves. Le Luxembourg en a d'ailleurs tiré les leçons en reportant sine die une seconde réunion qui aurait dû avoir lieu le 27 février avec tous les autres pays, qui n'appréciaient guère d'être convoqués pour rendre des comptes sur leurs intentions. Il n'empêche : le camp du "oui", qui espère bientôt s'enrichir du Portugal, de l'Irlande et de la Suède, est déterminé à montrer à Madrid sa puissance - ils sont la majorité - et sa légitimité au moment où les débats recommencent. L'Allemagne devrait présenter une esquisse de compromis en juin prochain et la négociation doit avoir lieu sous présidence française, fin 2008, le nouveau texte étant ratifié en 2009. "Cette solution de sortie ne peut pas faire abstraction du fait que 18 pays ont ratifié cet acte, qu'ils ont aussi des droits", a dit le ministre luxembourgeois des Affaires européennes, Nicolas Schmit. "Nous ne voulons pas que ceux qui ont dit non enferment le processus autour du non." Mais il reste à savoir ce que vont faire les six pays qui ont dit "non" ou qui n'ont pas fait connaître leurs intentions. Du côté français, il faudra attendre le choix des électeurs, mais les deux principaux candidats à l'élection présidentielle ont désormais abattu leurs cartes, même si rien n'est définitif. A droite, Nicolas Sarkozy prône un "mini-traité" reprenant les réformes institutionnelles les plus urgentes, comme le changement de la règle du vote à la majorité qualifiée ou la création d'un poste de ministre des Affaires étrangères de l'UE, tout en passant par la voie parlementaire. Après un long silence, sa rivale socialiste Ségolène Royal s'est prononcée pour un traité enrichi par un texte social, mais elle veut passer par le référendum en juin 2009. Si la plupart des pays ne veulent pas d'un mini-traité, ils sont séduits par l'idée d'un vote parlementaire, alors que l'organisation d'un référendum revient à laisser toute l'Union européenne à la merci des Français jusqu'en juin 2009. La Grande-Bretagne est l'autre pays "difficile" dans cette équation avec la Pologne, mais avec une énorme différence : l'opinion publique polonaise est "euroenthousiaste". Peter Mandelson, commissaire européen au Commerce et proche conseiller de Tony Blair, a estimé lundi dernier qu'il fallait "reprendre la réforme des institutions européennes à zéro".