"Les Républicains" : Sarkozy en plein déminage à l'UMP

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Louis Hausalter , modifié à
CONTRE-ATTAQUE - Face aux critiques, le président de l'UMP avance ses pions.

Même en vacances, Nicolas Sarkozy veut faire avancer ses chantiers. Et notamment le changement de nom de l'UMP, auquel il tient beaucoup. Jeudi dernier à Nice, l'ancien chef de l'Etat avait défendu publiquement, pour la première fois, son choix de renommer le parti "Les Républicains". Alors qu'il séjourne cette semaine dans la résidence de son épouse au Cap Nègre, dans le Var, le patron de l'UMP a laissé monter au créneau la numéro deux du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet.

"Nous ne privatisons pas la République". Dans une interview au Figaro, mercredi, la députée de l'Essonne se fait l'avocate du choix de Nicolas Sarkozy. "Cela vient couronner tout un processus de transformation. Comment tout refonder, si c'est pour garder l'ancien nom ?", plaide Nathalie Kosciusko-Morizet. Quant à la dénomination "les Républicains", l'élue assure que "les noms des partis gaullistes ont à chaque fois fait référence à la République". La vice-présidente déléguée de l'UMP balaie aussi les (nombreuses) critiques. "Nous ne privatisons pas la République, nous ne l'accaparons pas : nous nous en réclamons", assure-t-elle.

Le sénateur sarkozyste Roger Karoutchi a embrayé mercredi en plaidant lui aussi, dans un communiqué, pour la nouvelle dénomination. "La République est notre bien commun, mais 'Les Républicains' seront comme les soldats de l'an II, ceux qui porteront des idées fortes, pour la remettre à sa vraie place", écrit l'élu des Hauts-de-Seine.

Nom et logos déposés. Nicolas Sarkozy a également pu compter sur un autre relais. Dans une tribune publiée mercredi dans L'Opinion, Olivier Aubert, qui codirige l'agence de communication Aubert & Storch, défend lui aussi le terme "Les Républicains" et dénonce les "cris d'orfraie poussés par la gauche". Coïncidence : c'est cette agence qui a déposé en novembre à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) la marque "Les Républicains", ainsi que trois logos et les noms de domaine lesrépublicains.com et .fr.

Contacté par Europe 1, Olivier Aubert refuse de dévoiler le nom de son commanditaire, mais assure qu'il n'est "pas du tout mandaté par l'UMP" et qu'il travaille "à titre bénévole". Quant à la publication de sa tribune cette semaine, elle n'est pas concertée avec le camp Sarkozy, assure-t-il : "j'ai réagi car j'en avais assez d'entendre toutes ces critiques". Une pure coïncidence, donc...

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© ALAIN JOCARD / AFP

Réponse aux critiques de Juppé. Il n'en reste pas moins que la contre-attaque est bel et bien lancée. Elle vise à rétorquer aux récriminations de la gauche, vent debout contre l'appellation "Les Républicains", mais aussi aux critiques d'Alain Juppé. "Nous n'avons pas vocation à monopoliser le mot de républicains", a ainsi estimé le maire de Bordeaux la semaine dernière, au micro d'Europe 1, tout en soulignant qu'il ne souhaitait pas en faire "une querelle". Les proches de l'ancien Premier ministre ont, eux, exprimé leur opposition en des termes plus abrupts. Et regretté que personne à l'UMP n'ait été consulté sur ce choix.

Vote des militants ou pas ? Sur ce dernier point, Nathalie Kosciusko-Morizet laisse la porte ouverte en n'excluant pas un vote des militants : "si le débat est vif, pourquoi ne pas leur demander de trancher ?" Un souhait émis notamment par le président du Sénat, Gérard Larcher. La numéro deux de l'UMP préfère toutefois attendre le bureau politique de mardi prochain, qui doit débattre des nouveaux statuts du parti, dont elle a supervisé la rédaction.

Quant à Nicolas Sarkozy, il compte bien rallier à sa cause les ténors de l'UMP encore réservés sur le changement de nom. Selon Le Figaro, l'ancien président compte mettre à profit ses vacances pour multiplier les coups de téléphone et prévoir des rendez-vous la semaine prochaine. Le temps presse. Après le bureau politique de mardi, la dernière ligne droite vers le congrès refondateur du 31 mai sera lancée. Les militants seront consultés sur les nouveaux statuts. Reste à savoir s'ils auront ou non leur mot à dire sur le fait de devenir "Les Républicains".

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