Le fichage des allocataires passe mal

Hervé Morin et Benoît Hamon se sont élevés contre l'idée de ficher les allocataires sociaux.
Hervé Morin et Benoît Hamon se sont élevés contre l'idée de ficher les allocataires sociaux. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
REACTIONS - L’idée lancée par Thierry Mariani est critiquée jusque dans les rangs de la majorité.

Ce n’est pas franchement une surprise. L’idée, lancée par Thierry Mariani dimanche dans le Journal du Dimanche, sur la création d’un fichier des allocataires sociaux pour lutter contre la fraude, est fraîchement accueillie par l’opposition. Mais pas seulement. Les critiques ont en effet débordé pour gagner l’allié de l’UMP dans la majorité, le Nouveau Centre, par la voix de son président Hervé Morin. Et ce, alors même que Xavier Bertrand, ministre du Travail, a validé l’idée venue de l’un des leaders de la Droite populaire, l’aile dure de l’UMP, en annonçant une mise en place du fichier "avant la fin de l’année"

L’ancien ministre de la Défense de François Fillon, estime que "ficher les plus pauvres à des fins électoralistes ne saurait être une réponse à la détresse de millions de personnes honnêtes qui aspirent avant tout à sortir de la spirale de l'exclusion". Le député de l’Eure appelle la majorité à la "prudence" sur cette question, estimant qu'il conviendra d'être "vigilant sur les conditions d'utilisation de ce nouveau fichier et les garanties qui doivent entourer l'accès aux données".

"Mauvais coup aux Français les plus modestes"

Le mouvement centriste Cap 21, de l'ancienne ministre Corinne Lepage, en poste quand Alain Juppé était Premier ministre, appelle le gouvernement "à ne pas retenir" le projet de la Droite populaire, "qui consiste à considérer que tous les allocataires sociaux sont des fraudeurs potentiels."

Les réactions sont moins mesurées à gauche. "Cette consternante annonce a lieu au moment même où le Samu social se voit amputé par ce même gouvernement de moyens pour agir. Non seulement on met en danger les plus fragiles mais voici maintenant qu'on les suspecte d'escroquerie", s’est indigné lundi le Parti communiste. "La Droite populaire, jamais à court d'idées quand il s'agit de porter des mauvais coups aux Français les plus modestes, profite du calme de l'été pour entonner son refrain préféré: 'les pauvres sont des profiteurs'", s’était emporté dès dimanche Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche et candidat à la primaire socialiste pour 2012

"Une insupportable manoeuvre"

Au Parti socialiste, Benoît Hamon avait été le premier à réagir sur son compte Twitter. "Fraude aux prestations sociales 2 mds (milliards d’euros, ndlr), fraude des employeurs aux cotisations sociales, 8 à 16 mds. Le gouvernement fiche les premiers, ignore les seconds", écrivait dimanche le porte-parole du Parti socialiste.

Porte-parole qui, actuellement en vacances, était remplacé pour le traditionnel point presse du PS lundi par Christophe Borgel. "C'est un débat de communication politique", a estimé le secrétaire national du PS chargé de la vie des fédérations et des élections. "Je ne dis pas qu'il y a pas de fraudes... Mais soyons sérieux : en faire un élément central d'une politique, ça n'a qu'un but politicien, planter un décor en vue de l'élection présidentielle: ‘nous, on défend ceux qui font des efforts, eux, ils défendent ceux qui sont assistés’."

Lundi en fin de journée, Martine Aubry est à son tour montée au créneau. Ce projet "se présente à tous comme une insupportable manoeuvre accusatoire. Le gouvernement a creusé les déficits publics en servant les plus privilégiés et accuse aujourd'hui les plus faibles d'en être les premiers responsables alors qu'ils en sont les premières victimes", s'est indignée la Première secrétaire du PS qui a critiqué une réforme "parfaitement injuste et totalement inefficace".