Le cas Hodeau relance le débat sur la récidive

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
Nicolas Sarkozy souhaite renforcer la surveillance des condamnés après leur peine. Une nouvelle loi est envisagée.

Au lendemain des aveux du meurtrier présumé de Marie-Christine Hodeau, déjà condamné dans une affaire d'enlèvement et de viol, le débat sur la récidive est une nouvelle fois relancé. Après une entrevue à l'Elysée avec la famille de la joggeuse retrouvée morte près de Milly-la-Forêt, Nicolas Sarkozy a annoncé une nouvelle loi sur le sujet. Comme Brice Hortefeux, François Fillon a estimé vendredi que le crime de Milly-la-Forêt "aurait pu être évité".

> Que contiendra le nouveau projet de loi ? Brice Hortefeux doit faire des propositions la semaine prochaine. Elles viendront s'ajouter à un texte déjà dans les cartons, le troisième depuis 2007, pour notamment renforcer la "surveillance de sûreté" des condamnés remis en liberté. La "rétention de sûreté", qui permet de retenir dans des centres fermés certains condamnés toujours considérés comme dangereux même après la fin de leur peine, est possible depuis 2008. Mais elle ne s'applique pas aux personnes condamnées avant cette date, en vertu du principe de non-rétroactivité.

> Qu'en est-il vraiment de la récidive ? "Le taux de récidive en matière de viol est très bas, moins de 1%", a précisé jeudi Serge Portelli, le vice-président du Tribunal de Paris. Le principal syndicat de magistrats a souligné que les nombreuses lois récemment votées restaient inappliquées."Il faut qu’on se pose la question de savoir si les lois existantes ont vraiment tous les moyens pour être appliquées", a renchéri le socialiste André Vallini vendredi.

> Comment sont décidées les libérations anticipées ? Le meurtrier présumé de Marie-Christine Hodeau avait bénéficié d'une libération conditionnelle après avoir été condamné en 2002 à 11 ans de réclusion pour l'enlèvement et le viol d'une adolescente. La majorité et le ministre de l'Intérieur ont mis en cause le travail de la justice. Les magistrats ont rétorqué qu'ils ne faisaient qu'"appliquer la loi", selon Christophe Régnard, le président de l'Union syndicale des magistrats.

> La castration chimique, une solution ? Une précision importante : les enquêteurs n'ont pas encore déterminé si Marie-Christine Hodeau avait subi des violences sexuelles. Nicolas Sarkozy a réclamé de son côté une "véritable réforme de la psychiatrie criminelle". La castration chimique existe déjà en France même s'il n'existe pas de chiffres sur le nombre de personnes traitées, secret médical oblige. Le député UMP Yves Nicolin entend lui déposer "dans les prochains jours" une proposition de loi pour instaurer la castration chimique pour tout violeur d'un mineur de moins de 13 ans. Elle ne fonctionne que "sur une toute petite catégorie de violeurs qui sont très impliqués dans leurs soins. Ça ne peut pas s’appliquer à tous les criminels sexuels", a cependant prévenu Anne Bordier, vice-présidente d'une association de victimes d'agressions sexuelles.