Lauvergeon : "ni surprise ni scoop"

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avec agences , modifié à
REACTIONS - Christian Jacob minimise, Le Guen y voit la main de Nicolas Sarkozy.

Matignon a décidé jeudi soir de ne pas reconduire Anne Lauvergeon à la tête d'Areva, choisissant l'actuel directeur général délégué du géant du nucléaire Luc Oursel, pour lui succéder. Une nomination vu différemment à l’UMP et dans l’opposition.

"Normal que l’Etat ait son mot à dire" dit Jacob

Au sein du parti majoritaire, on assure que cette non reconduction est tout sauf un limogeage. Invité d’Europe 1 vendredi matin, le patron des députés UMP, Christian Jacob, a souligné que l'Etat actionnaire avait privilégié la continuité puisque "le numéro deux va prendre le relais". "Elle a été reconduite pendant deux mandats, on est dans une continuité puisque c'est le numéro deux (Luc Oursel) qui va prendre le relais. C'est la fin de deux mandats", a-t-il insisté. Et Christian Jacob d’enfoncer un peu plus le clou : "il est normal que sur le nucléaire, dans le mode de fonctionnement d'Areva, que l'Etat ait son mot à dire. C'est le contraire qui serait un comble".

"Ni une surprise, ni un scoop" :

La décision de remplacer Anne Lauvergon intervient alors que la mobilisation en sa faveur s'était intensifiée ces dernières semaines face à la volonté prêtée à Nicolas Sarkozy de ne pas reconduire la patronne du groupe nucléaire. Ainsi, jeudi, vingt députés de tous bords (UMP, PS, PCF, NC) avaient apporté leur soutien à la présidente d'Areva.

"Monsieur Sarkozy recommence à se croire tout permis"

Pour le député socialiste de Paris, Jean-Marie Le Guen, le départ d'Anne Lauvergeon a été rendu possible pour l'Elysée par la nouvelle donne politique, née de la "mise à l'écart de Dominique Strauss-Kahn"."Monsieur Sarkozy recommence à se croire tout permis, y compris d'écarter des gens qui n'ont le défaut que de défendre une conception indépendante de la gestion d'une entreprise de l'Etat", a proclamé Jean-Marie Le Guen. Anne Lauvergeon, qui était soutenue par "de nombreux parlementaires y compris UMP", "a défendu une certaine conception de l'Etat et une certaine conception de l'intérêt de son entreprise", a encore fait valoir le député PS.

"Ce n'était pas pertinent", pour la CFDT

La CFDT se montre très critique vis-à-vis de la décision du gouvernement de démettre Anne Lauvergean de ses fonctions de présidente d’Areva. "On pense que ce n’était pas pertinent. Avec les questions sur le nucléaire au niveau international et Fukushima, le groupe a besoin de stabilité, on a besoin de se poser, on a besoin de quelqu’un qui a une vision du groupe, qui a une stature internationale, qui puisse dialoguer avec la société civile, avec les Etats, mais aussi les grandes entreprise. Anne Lauvergeon incarnait parfaitement cela", a déploré sur Europe 1 Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT au sein du groupe nucléaire.

Pour le syndicaliste, cette décision est avant tout politique. "Si c’était uniquement la juger sur les compétences, son bilan, ce qu’elle fait, ce qu’elle a développé dans le groupe, sur le fait qu’elle l’ait organisé, qu’elle l’ait créé quand même à partir de plusieurs entités, si c’était ça le point de jugement, on l’aurait maintenu", a-t-il assuré. "Peut-être, quelquefois, effectivement, elle résistait à certaines décisions, dans l’intérêt du groupe. C’est peut-être cela qu’on lui fait payer aujourd’hui".