La méthode Chatel passée au scanner

Luc Chatel multiplie les mesures pour réformer le système éducatif.
Luc Chatel multiplie les mesures pour réformer le système éducatif. © Reuters
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Caroline Vigoureux
Europe1.fr a passé au crible les mesures annoncées par le ministre de l’Education nationale.

 

Depuis sa prise de fonction en juin 2009, Luc Chatel multiplie les annonces pour réformer le système éducatif. Plus de sciences, plus d’anglais, moins d’absentéisme… Europe1.fr a confronté les mesures annoncées par le ministre à l’avis du syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles (SNUipp), majoritaire dans cette profession. Sébastien Sihr, secrétaire général de l’organisation décortique ces mesures.

 

Le "Plan sciences"

 

La mesure.Luc Chatel veut améliorer le niveau des écoliers, collégiens et lycéens en sciences et en mathématiques. Il sera notamment demandé aux élèves de primaire de faire 15 à 20 minutes de calcul mental chaque jour et de réciter les tables de calcul. "Je vais m’attaquer à "l’innumérisme", c’est-à-dire l’incapacité à réaliser les calculs de la vie courante", arguait le ministre dans Le Journal du Dimanche.

 

L'avis du SNUipp."Les activités de calcul mental sont déjà pratiquées régulièrement en classe, à hauteur de cinq à dix minutes par jour. Cela risque de laisser peu de place à l’apprentissage des mathématiques (géographie, problèmes…). Cette mesure est nécessaire mais pas suffisante à l’acquisition d’une culture scientifique solide, qui ne vas pas s’acquérir par l’apprentissage du par cœur. Il faut apprendre, mais aussi comprendre et expliquer".

 

L’anglais dès trois ans

 

La mesure. Le ministre entend revoir l’apprentissage des langues. Il propose ainsi que l’anglais soit développé dès l’âge de trois ans. "Je veux que nous réfléchissions à l'usage des nouvelles technologies et d'Internet dans les écoles pour faire appel à des professeurs à distance", avait-il expliqué sur Europe1.

 

L'avis du SNUipp. "C’est mesure n’est pas souhaitable dans la forme et pas réaliste dans les moyens dont dispose l’école. Le ministre propose de mettre un enfant de trois ans devant un écran d’ordinateur, alors que la maternelle constitue avant tout un espace de socialisation. Par ailleurs, les élèves sont déjà censés être initiés à l’apprentissage des langues vivantes à partir du CE1. Sur le terrain, on constate qu’ils ne disposent pas des 54 heures annuelles d’apprentissage. Les professeurs ont également des difficultés à enseigner les langues car ils manquent de formation dans le domaine".

 

Les allocations familiales suspendues en cas d’absentéisme

 

La mesure. Un décretrentré en vigueur le lundi 20 janvier prévoit de suspendre les allocations familiales en cas d’absence durant au moins quatre demi-journées sur un mois. Dans les faits, cette décision revient aux inspecteurs d'académie, après signalement du chef d'établissement et avertissement à la famille.

 

L'avis du SNUipp. "Sur le terrain, cette mesure aura des effets plus dévastateurs que bénéfiques. A chaque problème, sa sanction ! On risque d’arriver à la politique de la double peine, alors qu’il aurait fallu plus de prévention. Il s’agit là de sanctionner des familles déjà en grande difficulté sociale. Cela aura des effets contre-productifs à l’objectif initial. Le gouvernement prend le problème à l’envers".

 

Revoir le rythme scolaire

 

La mesure.La réforme des rythmes scolaires est toujours à l’étude, après quatre mois d’auditions."Nous cumulons le plus grand nombre d'heures par an concentré sur le plus petit nombre de journées de travail. Il s'ensuit donc une surcharge d'activité qui entraîne la fatigue de l'enfant", a rappelé le ministre. Cette réforme pourrait passer par la fin de la semaine de quatre jours. Pour ce faire, deux pistes sont évoquées : faire travailler les élèves le mercredi matin, ou raccourcir les vacances d’été. Le ministre s’est donné jusqu’au mois de juin pour prendre des décisions.

 

L'avis du SNUipp. "Nous sommes contre l’allègement des heures de classes. Il faut en revanche qu’on enseigne mieux. Il faut qu’on regarde les choses dans leur globalité, du lever de l’enfant jusqu’au moment où ses parents le récupère après l’école. On dirait que l’école est pénible et que le sport ou les activités artistiques viennent s’y ajouter comme un supplément d’âme".