L'affrontement se durcit

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Administrator User , modifié à
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont engagé un affrontement personnel dans la campagne présidentielle sur fond "d'affaires", alors que François Bayrou perce dans les sondages à droite et que José Bové s'apprête à se lancer dans la course à gauche.

Le candidat UMP et ses proches multiplient les attaques sur le thème de la supposée "légèreté" de Ségolène Royal, prenant appui sur ses déclarations jugées maladroites en matière de politique étrangère ou de défense et sur une évocation humoristique de l'indépendance de la Corse suscitée par un imitateur lors d'un canular téléphonique mercredi dernier. Fustigeant un "système clanique au service d'un candidat", la championne du PS et son équipe répliquent en mettant en cause l'utilisation des moyens de l'Etat par l'UMP pour faire campagne et les enquêtes menées par les Renseignements généraux sur au moins deux des proches de la candidate, son frère Antoine et l'écologiste Bruno Rebelle. En déplacement aux Antilles, la présidente de la région Poitou-Charentes a fait mine de se tenir loin des attaques personnelles. "Mon pire ennemi c'est la médiocrité, j'éprouve vraiment une souffrance physique quand j'y suis confrontée. Aidez-moi à me soustraire à la médiocrité du débat politique!", a-t-elle lancé samedi à ses partisans à la Guadeloupe. Nicolas Sarkozy a usé du même argument vendredi soir dans la Vienne. "Si certains veulent tirer la campagne vers le caniveau, je ne les suivrai pas", a-t-il dit dans un meeting à Poitiers. Stratégiquement, les deux rivaux pourraient avoir marqué des points ces derniers jours. Aux Antilles, réservoir de 600.000 voix où la radicale Christiane Taubira, aujourd'hui ralliée à elle, avait remporté un succès et bousculé Lionel Jospin en 2002, Ségolène Royal a rencontré l'emblématique Aimé Césaire et fait l'union autour d'elle des élus de gauche, majoritaires dans ces îles. Dans ces départements très pauvres, la socialiste a insisté sur les problèmes de logement. Coïncidence favorable, elle a obtenu samedi de son parti l'exclusion du président de la région Languedoc-Roussillon Georges Frêche, sanctionné pour ses propos sur la proportion de noirs en équipe de France. De son côté, Nicolas Sarkozy a commencé à chasser sur les terres de la gauche, n'hésitant pas à se réclamer de Jean Jaurès dans ses discours et martelant des propositions concernant le pouvoir d'achat des classes sociales les plus pauvres. Selon un sondage CSA publié dimanche par le Parisien, le président de l'UMP est crédité d'une meilleure entrée en campagne que sa rivale, 57% des personnes interrogées la jugeant plus "solide", 52% plus "précise", 45% plus "crédible". La candidate PS l'emporte pourtant sur d'autres points, 40% la jugeant davantage que Nicolas Sarkozy "proche des préoccupations (quotidiennes)" et 42% davantage "moderne". Les enquêtes d'opinion semblent montrer aussi que le candidat UDF François Bayrou profite du durcissement de l'affrontement Royal-Sarkozy, en passant la barre des 10% d'intentions de vote dans la plupart des sondages de janvier. Selon une enquête publiée par le Journal du dimanche, 75% des personnes interrogées jugent François Bayrou "courageux", 46% estiment qu'il "propose des solutions nouvelles" et 37% lui voit "la stature d'un homme d'Etat". Le candidat centriste renvoie dos à dos dans ses discours le PS et l'UMP mais a été particulièrement virulent pour fustiger les enquêtes des RG sur les proches de Ségolène Royal. Pour Nicolas Sarkozy, cette donnée neuve pourrait compliquer la campagne, d'autant qu'à l'autre extrémité de l'échiquier politique, Jean-Marie Le Pen est toujours situé haut dans les sondages, entre 10 et 15% des intentions de vote. A gauche, la donne paraît moins gênante pour le PS mais devrait se compliquer jeudi avec la probable entrée dans la course de José Bové. "Tous les clignotants sont favorables", a dit dimanche un des ses proches, Roland Mérieux.