L'UMP et ses relations "incestueuses"

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Fabienne Cosnay , modifié à
Pour Lionel Jospin, le PS n’a jamais mélangé les genres. Contrairement au gouvernement.

"Jamais en 30 ans, un trésorier du PS a été en même temps membre du gouvernement". Cité avec Alain Juppé par le ministre de l’Industrie Christian Estrosi, mercredi sur Europe 1, comme référence à un cumul de fonctions incompatible, Lionel Jospin a tenu à lui répondre personnellement, jeudi, sur la même antenne : "ce qu’a dit Christian Estrosi est vrai pour Alain Juppé mais totalement faux me concernant".

"Son intervention était destinée à démontrer l’équivalence. Or, c’est totalement faux concernant le PS " a insisté le candidat défait à la présidentielle de 2002, venu faire "une mise au point".

Pourquoi Estrosi a tort

Et Lionel Jospin d’énumérer point par point sa carrière : "Quand François Mitterrand me demande d’être premier secrétaire, il me dit "vous ne serez pas au gouvernement". "Quand je rentre au gouvernement, lors du second septennat, en 1988, je démissionne immédiatement de mon poste de premier secrétaire" poursuit l’ancien ministre de l’Education nationale. "Même chose en 1997 quand je gagne les législatives, je démissionne et François Hollande prend ma place au parti". Lionel Jospin a quand même cumulé les deux fonctions pendant près de six mois, le temps d'organiser des élections internes pour désigner son successeur à la tête du PS.

Gare aux mélanges des genres

"On n’avait pas entendu ma voix jusqu’ici sur la polémique Woerth-Bettencourt", a rappelé Lionel Jospin. A la question de savoir ce qui avait créé l’affaire Woerth, l'ancien Premier ministre estime "qu’il y a entre les dirigeants d’aujourd’hui, le président et les membres du gouvernement, une proximité trop grande entre le pouvoir politique et le pouvoir de l’argent, les milieux d’affaires et les grandes fortunes. On est dans une relation presque incestueuse" a t-il déploré.

Gare au lobbying

Et de citer sa propre conception des rapports que le pouvoir politique doit entretenir avec le pouvoir financier, quand il était Premier ministre. "J’étais, bien sûr, attentif aux grandes entreprises et je défendais leurs intérêts mais jamais en cinq ans, je n’ai passé un week-end ou pris un déjeuner ou un dîner privé en tête à tête avec un grand patron" a-t-il assuré.

"Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est le mélange de relations privées, de gens qui dînent ensemble, chassent ensemble, font des croisières ensemble et de rapports publics". Or,"ces hommes et ces femmes (grands patrons, ndlr) défendent leurs intérêts, font toujours du lobbying".

Au sujet d'Eric Woerth, l'ancien Premier ministre a jugé que "parmi les incompatibilités", il était "clair qu'un ministre du Budget ne doit pas souhaiter que sa femme soit dans la société de gestion du patrimoine de la première fortune de France".