L’UMP à l'heure de l'inventaire

L'UMP face au vertige de "l'inventaire"
L'UMP face au vertige de "l'inventaire" © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Le "droit d'inventaire" des années Sarkozy s'invite dans une UMP sonnée par les revers électoraux.

A l’UMP après les échecs électoraux, il y a ceux qui entendent laver leur linge sale en famille. Ceux qui réclament un débat public sans tabou. Et ceux qui, au contraire, s’impatientent et voudraient passer à autre chose. Le plus vite possible.

L'’ex-ministre Roseylne Bachelot fait partie de la deuxième catégorie, de ceux qui réclament tout bonnement un "droit d’inventaire" sur les années Sarkozy. Un terme jusqu’à présent associé à l'histoire de la gauche, lorsque Lionel Jospin invoqua en 1995 son intention de faire le tri dans les deux septennats de l'idole François Mitterrand.

"On ne va pas dire qu'il y a un hasard à tout cela"

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Lundi sur Radio Classique et Public Sénat, Roselyne Bachelot a donc demandé à son parti de s’interroger sur ses défaites électorales. Celle qui vient de donner sa vision de la campagne sarkozyste dans un livre intitulé A feu et à sang, fait, elle-même, le constat : "On a perdu les municipales, le conseil général, les régions, la présidentielle, le Sénat, les législatives. On ne va pas dire qu'il y a un hasard à tout cela".

Et Roselyne Bachelot va plus loin, observant que la "ligne idéologique [choisie par Nicolas Sarkozy] n'était pas bonne sur le fond". "Je ne la partage pas", insiste cette proche de François Fillon évoquant la droitisation de l’UMP durant la campagne. La fameuse ligne Buisson, du nom du conseiller de l’ancien président de la République.

Cette conclusion est largement partagée par Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy qui accuse aussi, depuis dimanche, Patrick Buisson d'avoir voulu faire gagner "Charles Maurras", théoricien de l'extrême droite et soutien du régime de Vichy, plutôt que le président sortant.

 

"La triste défaite sans appel des législatives sanctionne la stratégie de droitisation", renchérit, sur Twitter la sénatrice Chantal Jouanno, qui se dit "heureuse que les femmes de l’UMP défendent l'intérêt général et les couleurs de la France".

Copé récuse les inventaires et les "leçons de morale"

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Voilà pour la séance d’autrocritique publique… que Jean-François Copé, occupé à garder la main sur le parti, a fort peu goûtée. "Quand je vois un certain nombre de personnalités, qui ont été ministres de Nicolas Sarkozy, qui ont eu une très grande proximité avec lui, les entendre dire des choses à l'opposé de ce qu'elles ont fait, ce qu'elles ont dit, ça me stupéfie un petit peu", a fustigé le patron de l’UMP sur France Inter, récusant les "inventaires" et autres "leçons de morale".

"Je crois que Patrick Buisson a fait gagner Nicolas Sarkozy en 2007 et il a mis toute son énergie à essayer de lui faire gagner à nouveau les élections en 2012", a également insisté Valérie Pécresse sur Europe 1, tandis que Benoist Apparu rappelait que la ligne électorale choisie par Nicolas Sarkozy avait été "validée" et "assumée" par tous.

Ces passes d’armes "sur la ligne à suivre" devraient se poursuivre encore quelques semaines, jusqu’à ce que, fin juillet, le groupe de travail sur les "valeurs" de l'UMP rendent ses conclusions. Un haut responsable du parti résume les débats : au final l'avenir du mouvement se jouera entre "deux droites" : un gaullisme à la croisée du "pompidolisme" et du gaullisme social et une droite "autoritaire". "Ce sera la ligne Fillon ou la ligne Copé", ajoute-t-il, rappelant que si les membres de l’UMP s’accrochent sur la ligne à suivre, c’est surtout qu’ils se déchirent sur le choix d’un chef pour les années à venir.  

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