L'Italie cherche une sortie de crise

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Administrator User , modifié à
Après avoir perdu mercredi un vote clef au Sénat en matière de politique étrangère, le président du Conseil italien, Romano Prodi, au pouvoir depuis neuf mois, a présenté sa démission hier soir au chef de l'Etat. Celui-ci a entamé jeudi matin des consultations politiques qui s'achèveront vendredi. La Constitution italienne l'autorise cependant à reconduire le chef du gouvernement.

Un air de déjà vu pour Romano Prodi. Lorsqu'il avait été président du Conseil il y a près de dix ans, il avait vu son mandat écourté par la rébellion d'une partie de ses alliés de la coalition de gauche d'alors. Désavoué mercredi après-midi par le Sénat, le chef du gouvernement italien s'est rendu au Quirinal, le siège de présidence, pour présenter sa démission, même si rien, constitutionnellement, ne l'obligeait à le faire. Le chef de l'Etat l'a acceptée, tout en réservant sa décision. Il a entamé dans la foulée des consultations avec les partis politiques de la Péninsule sur l'avenir politique du pays et se donne jusqu'à vendredi pour entendre les arguments des uns et des autres. La dernière personnalité reçue sera son prédécesseur à la tête de l'Etat, Carlo Azeglio Ciampi. Concrètement, plusieurs choix s'offrent au président Giorgio Napolitano : soit dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections législatives, soit demander à Romano Prodi de former un nouveau gouvernement, soit choisir une autre personnalité de la majorité ou encore favoriser la mise sur pied d'un gouvernement différent, qui pourrait être composé de techniciens. Toutefois, les dirigeants de partis de la coalition de centre gauche ont décidé de soutenir les efforts de Romano Prodi pour rester président du Conseil. Ils se sont ralliés jeudi soir à un programme politique non négociable en douze points. Pourquoi Romano Prodi a-t-il démissionné ? La coalition au pouvoir est fragile et hétéroclite, allant de la mouvance chrétienne aux communistes, et elle ne dispose que d'une majorité d'un seul siège au Sénat. Jusqu'alors, elle était parvenue à obtenir la majorité en ayant recours au vote de confiance. Mais mercredi, le gouvernement de Prodi a essuyé un grave revers au Sénat, où il a été mis en minorité. Cent cinquante-huit sénateurs seulement ont soutenu la politique étrangère du gouvernement, c'est légèrement en-dessous des 160 voix requises pour obtenir la majorité. Aussitôt, les sénateurs de l'opposition ont réclamé la démission du cabinet Prodi. Le vote de mercredi est l'un des coups les plus rudes essuyés par la coalition au pouvoir, fragilisée par des divergences internes sur le budget, le maintien des troupes en Afghanistan ou encore la reconnaissance légale des couples homosexuels ou non mariés. Avant le vote, le ministre des Affaires étrangères, Massimo D'Alema, avait déclaré que le gouvernement démissionnerait s'il ne ralliait pas la majorité des voix sur sa politique étrangère.