Karachi : Villepin entendu jeudi

Dominique de Villepin et Alain Juppé, tous deux au pouvoir à l'époque de l'attentat de Karachi, sont sollicités par la justice.
Dominique de Villepin et Alain Juppé, tous deux au pouvoir à l'époque de l'attentat de Karachi, sont sollicités par la justice. © MAXPPP
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avec Pierre Rancé et AFP , modifié à
L'ex-Premier ministre sera auditionné dans ce dossier par le juge Van Ruymbeke.

La justice presse les politiques pour faire avancer ses enquêtes sur l’attentat de Karachi et les commissions qui ont été versées en marge du contrat de vente de sous-marins au Pakistan. Dominique de Villepin va être entendu suite à ses déclarations sur l’existence de rétrocommissions. Selon une information de la chaîne LCI, confirmée par Europe 1, il sera entendu jeudi matin par le juge Renaud van Ruymbeke.

Si l'ancien secrétaire général de l'Elysée connaît les acteurs présumés de l'histoire, il affirme n'avoir aucune preuve. Il a pourtant vu et entendu beaucoup de monde, comme Jean-Marie Boivin, l'homme qui a bâti les circuits financiers par lesquels sont passées toutes les commissions. C'est encore lui qui était à Matignon quand le Président Chirac fait écouter les balladuriens et leurs intermédiaires. Quelle stratégie va donc adopter Dominique de Villepin devant le juge ? Il a suscité une très forte attente et a lui-même annoncé qu'il voulait aller chez le juge alors qu'il était déjà convoqué.

Le "souci de vérité" de Villepin

"Monsieur de Villepin n'entend mener aucun combat politique, mais simplement faire état, par respect des victimes et souci de vérité, de tout ce qu'il a eu à connaître en tant que secrétaire général de l'Elysée" lorsque Jacques Chirac a ordonné en 1995 l'arrêt de certaines commissions, a précisé Olivier Metzner.

L’ex-Premier ministre avait fait part vendredi de "très forts soupçons" de corruption ("rétrocommissions") en 1995 vers des décideurs français en marge de contrats d'armements. Une accusation qu'il a confirmés dimanche tout en précisant qu'il n'y avait "pas de preuve formelle".

Des documents secret-défense demandés à Juppé

Le juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic a par ailleurs écrit lundi au ministre de la Défense pour demander une nouvelle déclassification de documents secret défense relatifs à la vente de sous-marins au Pakistan. Alain Juppé a indiqué mardi qu'il ne s'y opposerait pas, dès lors que la commission sur le secret défense aurait émis un avis favorable. Une décision, a-t-il dit, qui "s'applique à tous les juges d'instruction et à toutes les demandes". "Je n'ai rien à cacher dans cette affaire et ne souhaite qu'une seule chose, c'est la manifestation de la vérité", a-t-il martelé lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale.

Le juge Trévidic avait déjà formulé une telle demande il y a plusieurs mois, en vain. Le précédent ministre de la Défense Hervé Morin a pourtant affirmé que tous les documents ont déjà été déclassifiés. Mais, dans les faits, cette déclassification n'a même pas été soumise à la commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN).

La justice a également demandé a entendre Alain Juppé en sa qualité de ministre de Premier ministre à l'époque.

Le juge Marc Trévidic enquête sur l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi qui a fait 15 morts, dont 11 Français. Un lien est soupçonné avec l'arrêt du paiement de commissions au Pakistan ordonné en 1995 par Jacques Chirac, qui soupçonnait un retour frauduleux de l'argent en France. La justice soupçonne qu'une partie de cet argent a servi à la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.