Juppé peste contre le "à droite toute"

Alain Juppé s'est élevé contre la droitisation de la campagne de Nicoals Sarkozy.
Alain Juppé s'est élevé contre la droitisation de la campagne de Nicoals Sarkozy. © MAXPPP
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avec Thierry Guierrier , modifié à
Le ministre des Affaires étrangères s'élève contre la droitisation de la campagne de Sarkozy.

Alain Juppé n’apprécie pas franchement la stratégie de campagne, très à droite, adoptée par le candidat Nicolas Sarkozy. Et le ministre des Affaires étrangères, qui avait rongé son frein jusqu’alors, s’en ouvre de plus en plus auprès de ses camarades de la majorité. Le maire de Bordeaux estime que le président-candidat aurait tout intérêt à ré-orienter la campagne, seul moyen selon lui de l’emporter face à François Hollande. Et désormais, il le fait savoir.

"Le polémique sur le halal, une connerie"

Alain Juppé a lancé son offensive dès mardi soir, lors de la réunion du comité stratégique de campagne de Nicolas Sarkozy. Là, selon les informations du buzz politique d’Europe 1, il a frappé fort. Devant François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, mais aussi Claude Guéant et bien sûr Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux a réclamé un ton moins droitier, et la fin de l’obsession sur les questions d’immigration.

Et il y est allé franchement. "Finissons-en d'abord avec le débat sur la viande halal. C’est une connerie, cette polémique", a-t-il d’abord lancé. "Ensuite, ne faisons pas de l'islam un problème. Les islamistes oui, mais pas l’islam", a-t-il asséné. Le ministre a aussi prévenu contre le "piège islamophobe" tendu par Marine Le Pen, et dans lequel la droite serait selon lui tombée. Pour conclure, le ministre des affaires étrangères a martelé que celui qui serait élu sera, selon lui, celui qui sera le plus crédible pour sortir la France de la crise.

Une interview et un discours

Conscient du poids moral au sein de l’UMP d’Alain Juppé, qu’il avait d’ailleurs envoyé débattre face à François Hollande fin janvier sur France 2, Nicolas Sarkozy semble avoir pris ces remarques en compte. Avec, forcément, la bénédiction du président-candidat, le ministre des affaires étrangères donnera ainsi une longue interview au Figaro à paraître vendredi, et dans laquelle il développera ces idées plus modérées.

Par ailleurs le chef de l’Etat n’oublie pas qu’Alain Juppé est l’une des personnalités les plus populaires de la majorité – 51% d’opinions favorables selon le dernier sondage Ipsos datant du 11 février. Le maire de Bordeaux prendra donc la parole au grand meeting de Nicolas Sarkozy dimanche à Villepinte. 

Mais en face, les tenants de la ligne dure, incarnée par Claude Guéant, Brice Hortefeux et le conseiller de l’ombre Patrick Buisson, ne comptent pas désarmer. Mercredi, devant des journalistes, Claude Guéant s’est ainsi félicité de la volonté de Nicolas Sarkozy de diviser par deux le nombre d’étrangers accueillis chaque année en France. Et cette droitisation, a jugé le ministre de l’Intérieur, "n’a pas si mal réussi que ça !"