Joly a bien diffamé Douillet

Eva Joly a décidé de faire appel de cette décision.
Eva Joly a décidé de faire appel de cette décision. © Reuters
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avec avec AFP , modifié à
A l’origine de cette condamnation, des accusations d’évasion fiscale. Eva Joly a fait appel.

Eva Joly, la candidate écologiste à la présidentielle, a été condamnée, jeudi, à 1.000 euros d'amende avec sursis pour avoir diffamé l'actuel ministre des Sports, David Douillet. L’ex –magistrate devra également verser un euro de "dommages et intérêts" mais elle a l’intention de faire appel de cette décision.

"Des comptes au Liechtenstein"

Le 23 septembre 2009, la radio France Inter avait diffusé des propos tenus la veille par l'eurodéputée lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale, dont le thème était la lutte contre les paradis fiscaux. Elle y décrivait l'ancien judoka comme "l'heureux détenteur de comptes au Liechtenstein".

David Douillet, qui était alors candidat UMP à l'élection législative partielle dans la 12e circonscription des Yvelines, avait porté plainte contre celle qui devait devenir candidate à la présidentielle d'Europe-Ecologie Les Verts (EELV). "Eva Joly n'est pas un petit blogueur, mais un ancien juge d'instruction. Elle sait la portée qu'on peut accorder à de tels propos", avait plaidé, à l'audience, l'avocat de David Douillet.

Une précédente accusation

Ce n’est pas la première fois que l’ex-judoka est accusé d’évasion fiscale, a répliqué l’avocat de l’ancienne magistrate, William Bourdon. "Eva Joly n'a fait que reprendre des propos poursuivis vainement par David Douillet devant la justice. Elle était donc légitime à le dire", a-t-il argumenté.

Me Bourdon faisait référence à une procédure en référé engagée en 2008 par David Douillet contre le site d’information Bakchich.info qui avait accusé le député UMP de figurer sur une liste de présumés exilés fiscaux au Liechtenstein. David Douillet avait été débouté.

Depuis, Bakchich.info a été condamné au fond. Le 7 janvier 2011, le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné deux journalistes du site d'informations en ligne à verser 20.000 euros de dommages et intérêts à l'ancien judoka. La décision est toujours en suspens car le site Internet a fait appel de cette décision.

Démentie par le ministère du Budget

Dans son jugement, la 17e chambre correctionnelle a estimé, de son côté, que "si Eva Joly a pu ne pas être informé de la saisine ultérieure du juge du fond, elle ne pouvait ignorer, lorsqu'elle a publiquement tenu les propos litigieux le 22 septembre 2009, que la détention de comptes au Liechtenstein par David Douillet avait été démentie par le ministère du Budget et qu'elle était formellement contestée par l'intéressé qui avait engagé une action en diffamation".

En revanche, le tribunal a relaxé France Inter, au nom de la "liberté d'expression et du devoir d'informer".