Jean-Paul Huchon condamné pour "prise illégale d'intérêt"

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Administrator User , modifié à
Le président socialiste de la région Ile-de-France a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à six mois de prison avec sursis, 60.000 euros d'amende et un an d'inéligibilité pour "prise illégale d'intérêt". Jean-Paul Huchon a décidé de faire appel, ce qui suspend l'exécution de la sanction.

Jean-Paul Huchon a été reconnu coupable pour des marchés publics de communication passés en 2002 et 2003 entre le Conseil régional et trois sociétés employant son épouse, Dominique Le Texier. L'élu de 60 ans n'a en revanche pas été condamné pour avoir embauché en 2004, après sa réélection à la tête de la région, son épouse au sein de son propre cabinet. Il ne s'agissait pas d'un emploi fictif ou sans lien avec la région, et la loi n'interdit pas aux élus d'embaucher des membres de leur famille, a estimé le tribunal. Jean-Paul Huchon, qui a fait campagne pour Dominique Strauss-Kahn lors de la "primaire" pour l'investiture présidentielle au PS, n'était pas présent au tribunal pour le jugement. Il a décidé de faire appel, ce qui suspend l'exécution de la sanction, et lui permet de conserver pour l'instant ses fonctions. Le 15 janvier, le parquet avait requis dix mois de prison avec sursis, 75.000 euros d'amende et un an d'inéligibilité contre Jean-Paul Huchon, ainsi que six mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende contre son épouse. Le procureur avait souligné qu'un élu comme le président du conseil régional se devait d'être "insoupçonnable" et "désintéressé". A l'audience, Jean-Paul Huchon avait affirmé qu'il avait tout ignoré des liens professionnels de sa femme avec des sociétés en contrat avec la région. Dans ses attendus, le tribunal a critiqué cette défense, qualifiées de "vaines tentatives, particulièrement maladroites" et les juges ont estimé que l'élu avait violé les principes de base de ses fonctions. "Jean-Paul Huchon a fait prévaloir un intérêt personnel sur l'intérêt général dont il est pourtant le garant en sa qualité d'élu", a dit le jugement. Il a donc "porté atteinte à l'indispensable devoir d'impartialité que doivent présenter les élus", a estimé le tribunal, qui conclue : "un tel comportement participe inévitablement à la dégradation des responsables politiques et nuit à l'indispensable confiance que les citoyens doivent avoir dans leurs représentants". Par ailleurs, Dominique Le Texier a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende pour "recel de prise illégale d'intérêt". Elle a "sciemment profité des fonctions exercées par son mari", a estimé le tribunal. Il a souligné que les manoeuvres frauduleuses lui ont permis de toucher des indemnités de chômage entre deux contrats. Deux autres prévenus ont été relaxés.