La cérémonie des voeux à la presse jeudi matin signifiait pour Jacques Chirac la fin du marathon des voeux. Visiblement de bonne humeur, la chef de l'Etat a provoqué l'hilarité générale en répondant à une question du président de l'association de la presse présidentielle sur son éventuelle candidature : "Elle vient de loin celle-là. Cela mérite réflexion, donc je vais y réfléchir". Jacques Chirac a fait savoir que "le moment venu, je ferai connaître aux Françaises et aux Français ma décision et avec une seule exigence, croyez-le : l'intérêt national". Le chef de l'Etat a évoqué le danger d'une répétition du 21 avril 2002, qui avait vu le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, accéder au second tour de la présidentielle au détriment de celui du Parti socialiste, Lionel Jospin. "Si nous ne voulons pas laisser le champ libre aux extrémismes et vivre un nouveau 21 avril, notre devoir c'est montrer les dangers et les opportunités de ce nouveau monde", a-t-il déclaré devant des centaines de journalistes réunis dans la salle des fêtes de l'Elysée. "Notre devoir, c'est de désamorcer les peurs, les angoisses, les idées reçues". Jacques Chirac a de nouveau mis en garde les ministres, et en particulier celui de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, contre la tentation de se préoccuper davantage de l'élection à venir que de leur mission gouvernementale. "S'agissant des ministres, il est parfaitement légitime qu'ils participent au débat électoral. Mais à condition, bien sûr, qui pourrait s'en étonner, que cela ne se fasse pas au détriment du travail gouvernemental", a-t-il dit. "Je sais que je peux compter sur l'esprit de responsabilité de chacune et de chacun d'entre eux", a-t-il ajouté. Nicolas Sarkozy doit être désigné dimanche candidat de l'UMP à la présidentielle lors d'un congrès de son parti. Jacques Chirac a dit son intention de s'engager "pleinement, tant sur que le plan national qu'international", dans le débat qui s'ouvre, qu'il souhaite "ouvert, responsable et démocratique". Le chef de l'Etat, dont le mandat s'achève le 17 mai, achevait avec ce discours la traditionnelle série des voeux, qui l'a vu intervenir quasi quotidiennement depuis le 31 décembre. "Je sais que mes voeux ont pu étonner certains d'entre vous qui s'attendaient à un bilan ou à un propos teinté de nostalgie", a-t-il déclaré. "Les bilans, ce n'est pas à soi-même de les établir. Et je sais que je peux vous faire entière confiance pour en assumer la charge, en toute objectivité", a ajouté le chef de l'Etat.